Conception
graphique et montage : Jean-Marie Jolly
Le 9 mai 1940 !
Ce journal vous arrive le 9 mai 2020. Il y a 80 ans, le 9
mai 1940, Roger Bonnaud-Delamare, secrétaire général de la
préfecture des Ardennes, a rappelé dans Guerre en
Ardennes1que
« la population, demeurée chez elle (?), vaquait assez
normalement à ses occupations. Les commerçants renouvelaient
leurs stocks. L?armée exécutait des travaux sans trop se
presser, paraissant plus engourdie qu?active, sauf
cependant, depuis décembre, pour les bétonnages auxquels on
travaillait sans arrêt (?). La culture travaillait ferme,
les jardins étaient faits. Des usines travaillaient à plein,
d?autres rouvraient leurs portes. Les officiers, largement
rétribués, avaient une joyeuse vie (?). De nombreuses autos
militaires stationnaient sur les places de Sedan et
Charleville aux heures de l?apéritif. Les rares officiers
(supérieurs surtout) qui faisaient exception détonnaient au
milieu des autres. Les troupes elles-mêmes dépensaient bien
également (?). Bref, une bonne petite guéguerre pour
beaucoup ».
« Le réveil va être douloureux le 10 mai 19402 ».
C?est ce que nous raconte aujourd?hui le Musée Guerre et
Paix en Ardennes.
Les petits trains départementaux
Dans deux jours, théoriquement, il
sera plus facile de se déplacer? Mais qu?en sera-t-il dans
la pratique ? De nombreux embouteillages, de nombreux
bouchons ne vont-ils pas renaître, en grande partie liés aux
difficultés des transports collectifs.
Paradoxalement, c?est le moment que nous choisissons pour
raconter, dans plusieurs journaux, la longue histoire ? 55
ans ? des chemins de fer secondaires des Ardennes.
Demandés ardemment par tous les conseillers généraux, mais
freinés pendant plus de 20 ans par les autorités militaires,
pour les raisons que signale Michel Coistia, ils prennent
leur essor avec les lignes Tremblois-Rocroi (1895),
Gespunsart-Nouzonville (1896), Wasigny-Signy-l?Abbaye
(1897), Vouziers-Le Chesne (1897) et Raucourt-Le Chesne
(1898).
Cette promenade, à petite vitesse, aura le grand mérite de
nous permettre d?appréhender la vie dans les Ardennes, à la
charnière des XIXe et XXe siècles.
Jacques Lambert
1 Cité par
Gérard Giuliano, « L?exode », in Les Ardennais
dans la tourmente De la mobilisation à l?évacuation,
Gérard Giuliano, Jacques Lambert, Valérie Rostowsky, Éditions Terres Ardennaises, 1990, 552 pages.
« Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile
est une volupté de fin gourmet. »
Georges Courteline
Commençons en chansons...
Bille de Verre
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LE BAL À JOJO
La maman des poissons
Énormément de bonnes choses à regarder sur ce blog, en période
de confinement ou non !
Buste de Jean-Baptiste Clément à Nouzonville
Se
promener avec Terres Ardennaises
Nous étions? à
Montcornet
La chapelle.
Dessin de Simon Cocu,
Terres Ardennaises, n° 71, juillet 2000.
Plan du château,
Terres Ardennaises, n° 71, juillet 2000.
Le château de Montcornet1
est construit en grès quartzites, son enceinte est
polygonale à 6 tours, 3 circulaires, 2 hémicirculaires, 1
amande et son dispositif défensif est constitué de
« douve/tour plus archères, flanquement des murs et
barbacane ».
Des informations pour vous aider
à visiter le château grâce aux articles que nous avons
publiés, d?abord de Pascal Sabourin, ensuite de Philippe
Moyen.
« L?existence des grands donjons circulaires comtaux élevés
dans les années 1200 soulève un problème épineux : qu?y
avait-il avant ? Les grands donjons rectangulaires de
pierre, fréquents dans l?Ouest français et même en Champagne
ou en Hainaut, font curieusement défaut dans les Ardennes?
Ce qui laisse supposer que nos dynasties comtales ont
utilisé jusqu?à cette époque les vieilles tours de bois, en
développant au pied de la motte castrale d?autres
constructions, en pierre cette fois, plus fonctionnelles.
Une lecture minutieuse de la forteresse de Montcornet
(élevée à partir du XIe siècle au moment de l?implantation
d?une lignée seigneuriale) en apporte une possible
confirmation : incorporé dans la masse centrale de
construction des XVe-XVIe siècles et
transformé alors en cuisines, apparaît un bâtiment
approximativement rectangulaire de dimensions intérieures
assez modestes (7,80 m x 11 m) dont les assises inférieures
présentent un appareil caractéristique en arêtes de
poisson ; le rez-de-chaussée, certainement aveugle,
supportait un étage planchéié éclairé par de petites
ouvertures en plein cintre fortement ébrasées ; aucune trace
de fortification n?y est décelable, mais cette structure
archaïque s?adossait probablement à une motte-barrage campée
à la racine de l?éperon (sous l?actuelle cour haute). Ce
bâtiment original correspondrait à l?aula du premier
lignage seigneurial, installée au pied de la butte castrale,
dispositif analogue à celui de la forteresse champenoise de
L?Isle-Aumont (Aube). »
Sur le flanc oriental,
l?épaisseur des murailles peut dépasser les 5 mètres.
Photo Pascal Chagot
prise dans les années 1980.
La barbacane (milieu du
XVe) de Montcornet.
Photo Pascal Chagot
prise dans les années 1980.
La potence n?est pas
d?époque ! Photo Pascal Chagot prise dans les années 1980.
« Les châteaux de l?Ardenne sont divers par leurs sites et
leurs formes.
Dans son étude sur les vestiges de l?habitat seigneurial
fortifié des Ardennes et de la vallée de l?Aisne, M. Bur4
distingue 2 types de sites privilégiés :
L?éperon barré. (6/16 châteaux)
L?interfluve.
Sis en altitude les châteaux forts d?éperon barré ? Omont,
Bourq, Montcorrnet, Bouillon, Herbeumont ? dominent l?espace
alentour. À la vue de tous, le seigneur des lieux surveille
les mouvements de population sur le plat pays et la rivière.
La pente et la roche participent pleinement à la défense du
château : elles gênent la progression des assaillants et
interdisent les sapes. Cette défense « passive » est souvent
doublée de fossés aux abords immédiats de la forteresse.
Certaines excavations sont inondées, les ?douves? de Montcornet. Le château occupe rarement toute la surface de
l?éperon ; l?organisation de l?espace est très variable :
à Omont et Bourcq les châteaux se dressent entre deux
basses cours.
à Montcornet, Bouillon et La Roche, ils sont des refuges
adossés au vide à l?extrémité de l?éperon. »
« À Herbeumont et Montcornet les portes sont défendues
par des ouvrages fortifiés à part entière : le châtelet
et la barbacane. »
« À Montcornet, l?aula [grande salle dans
laquelle le seigneur prend le conseil de ses vassaux,
rend la justice et dispense avec prodigalité fêtes et
cadeaux à ses fidèles clients. Il s?agit donc d?un
espace public] est située à l?extrémité nord-est de la
basse-cour très loin du donjon. »
« À Montcornet, grenier et cave ainsi que le four
(banal ?) occupent une partie de la basse cour. Les
étages supérieurs des tours sont réservés aux ?gens de
qualité?. »
1 Philippe Moyen, « Le château
fort médiéval : aspects, fonctions et symbolique »,
Terres Ardennaises n° 71, juillet 2000.
2 Pascal Sabourin, « Les châteaux
au Moyen Âge », in Les Ardennes aux quatre vents,
Éditions Terres Ardennaises, 1992, 320 pages.
4 M. Bur, « Vestiges d?habitat
seigneurial fortifié des Ardennes et de la vallée de
l?Aisne », in Inventaire des sites archéologiques
non monumentaux, fasc 2, ARERS, 1980, p. 8-16.
Où sommes-nous ?
Cartes
postales
Le réseau ferré du sud ardennais est construit au début du
XXe siècle par le Conseil général à l?écartement
de 0,80 m sur l?injonction des militaires qui pensent ainsi
interdire son usage par un envahisseur hostile. En quelques
mois, les Allemands adapteront ces lignes à leurs matériels
ferroviaires et en feront des voies stratégiques.
Le réseau du petit train souvent dénommé le tortillard
vitalise la campagne argonnaise en servant son économie et
ses habitants jusqu?à sa fermeture en 1933 et son
démantèlement en 1937.
La carte postale montre la gare de Châtillon-sur-Bar,
jonction entre la ligne « Le Châtelet-sur-Retourne,
Vouziers, Châtillon et la ligne Buzancy, Le Chesne, Raucourt
via Vendresse.
_____________________
Installées à l?initiative du Conseil général des Ardennes
entre 1897 et 1906, les voies ferrées du réseau sud
Ardennes, gérées par la compagnie ardennaise, desservent
jusqu?en 1933 de nombreux villages de la partie argonnaise
du département. En liaison avec les lignes à voie large de
la Compagnie des chemins de fer de l?est, le tortillard
permet aux habitants d?aller à Paris et d?en revenir, deux
fois chaque jour, et aux productions locales d?être mises en
vente sur le marché des Halles de la capitale. Ce réseau
ferré irrigue véritablement la campagne. En 1924, il
transporte 200 000 voyageurs et 88 000 tonnes de
marchandises.
La carte postale montre le petit train franchissant l?Aisne
à Vouziers sur le pont de pierre ouvert à la circulation de
tous les autres types de véhicules.
Collection et légendes, Michel Coistia
Lire :
Michel Coistia, « Le réseau sud des chemins de
fer secondaires », Terres Ardennaises n°
10, mars 1985, p. 1-7.
À Nouzon, on savait bien qui était Jean-Baptiste Clément,
c?était vraiment quelqu?un de connu. Et il faut bien dire
crûment, naïvement : les Nouzonnais pensent détenir
l?orthodoxie quant à l?interprétation du Temps des
cerises. Quand ma mère entendait chanter Le Temps des
cerises à la radio, elle critiquait : Ah, celui-là,
il chante mal. Et elle n?était pas la seule. Les
Nouzonnais chantaient cela sans manière, sans trémolos, sans
dramatisation.
À Nouzon, dès qu?on entonnait une chanson, on chantait Le
Temps des cerises. On connaissait les paroles jusqu?au
bout. Quasiment, c?était l?hymne de Nouzonville. Quand, à
l?âge de 38 ou 40 ans, j?ai travaillé au Val d?Aoste, on
chantait encore à la fin d?un repas. Un jour, ils m?ont
demandé de chanter une chanson, comme tout le monde, et j?ai
chanté Le Temps des cerises. Même si je n?ai pas une
voix extraordinaire, j?ai essayé de chanter Le Temps des
cerises selon les meilleurs principes nouzonnais.
Les paroles du Temps des cerises ont été écrites en 1866 par
Jean-Baptiste Clément et la musique composée par Antoine Renard en
1868.
Quand nous chanterons le temps des cerises
Et gai rossignol et merle moqueur
Seront tous en fête
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au c?ur
Quand nous chanterons le temps des cerises
Sifflera bien mieux le merle moqueur
Mais il est bien court le temps des cerises
Où l'on s'en va deux cueillir en rêvant
Des pendants d'oreilles
Cerises d'amour aux robes pareilles
Tombant sous la feuille en gouttes de sang
Mais il est bien court le temps des cerises
Pendants de corail qu'on cueille en rêvant
Quand vous en serez au temps des cerises
Si vous avez peur des chagrins d'amour Évitez
les belles
Moi qui ne crains pas les peines cruelles
Je ne vivrai point sans souffrir un jour
Quand vous en serez au temps des cerises
Vous aurez aussi des peines d'amour
J'aimerai toujours le temps des cerises
C'est de ce temps-là que je garde au c?ur
Une plaie ouverte
Et Dame Fortune, en m'étant offerte
Ne pourra jamais fermer ma douleur
J'aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au c?ur.
Paroles et musique :
Le 10 janvier
1996, place de la Bastille, en conclusion de la soirée
d?hommage à François Mitterrand, décédé le 8, Barbara
Hendricks a chanté a capellaLe temps des cerises.
Jean-Baptiste avait toujours joué un rôle dans Nouzon. Mais on a entendu certains vieux Nouzonnais, un peu
grincheux, quand ils ont vu la statue : Ah, oui, mais?
C?était peut-être bien mais il venait de Verlaineville, là ! Parce
qu?il avait la tête tournée vers Charleville. Ça défrisait
leurs moustaches ! (Jean Clerc)
1 Jacques et Elisabeth Lambert,
Enfances de ?Vaillants?, Jean Clerc, Henriette et
Simon Cocu, Raymonde Roger, Éditions Terres
Ardennaises, 2012, 288 pages.
L?ABÎME DE SEDAN !
Le 10 mai 1940, après huit mois de « drôle de guerre »,
Hitler envahit les Pays-Bas, le Luxembourg et la Belgique.
Ce qui ne surprend personne, à commencer par Gamelin. Le
commandant de l?armée française réplique, les meilleures
troupes françaises et britanniques volent alors au secours
des pays neutres agressés.
Le véritable coup de tonnerre a lieu moins de trois jours
plus tard. Sept Panzer-Divisions (divisions blindées)
surgissent du massif des Ardennes et se présentent sur la
Meuse ? Guderian à Sedan, Reinhardt à Monthermé, Rommel à
Dinant. Ce dernier borde le fleuve le premier le soir du 12
mai. Sans attendre, il fait traverser quelques centaines de
soldats. Une première tête de pont est établie. Plus au sud,
le corps de Reinhardt se sert des superstructures d?un pont
effondré pour traverser le 13 mai.
Le même après-midi, la Luftwaffe déclenche un bombardement
contre la défense française à Sedan d?une violence inconnue.
Des détachements d?infanterie et du génie en profitent pour
passer à bord de radeaux. Beaucoup sont repoussés mais une
poignée s?infiltre et disloque le front français en suivant
la ligne de moindre résistance. Les points d?appui, une fois
isolés, sont démantelés pour qu?ils ne puissent plus gêner
le génie qui commence à faire passer le fleuve aux Panzers?
Contre toute attente, la brèche est réalisée en moins d?une
journée !
Il faut garder à l?esprit que, sur le
principal axe d?attaque, le Groupe blindé von Kleist,
rassemblant cinq divisions blindées et trois divisions
motorisées, ne dispose que de quatre routes pour écouler
plus de 40 000 véhicules en trois jours, soit une colonne
d?une longueur théorique de plus de 1 500 km ! Même si le
massif des Ardennes n?est pas infranchissable, il règne une
énorme pagaille dans la zone arrière, causant de nombreux
accidents comme ici ce char qui a glissé dans le bas-côté.
Durant toute la journée du 13 mai, les unités de panzer
patientent à Sedan et dans les villages aux alentours, dans
l?attente de la construction d?un pont. Contrairement à ce
qui a longtemps été rapporté, ce ne sont pas les chars qui
opèrent la percée, mais bien des petits groupes de
fantassins qui parviennent à s?infiltrer et à créer des
têtes de pont sur la Meuse.
Image terrible qui rappelle que certains soldats français
opposent une résistance opiniâtre, voire désespérée, aux
attaques allemandes. Dans la zone de la 10e PzD,
l?absence d?appui d?artillerie conjuguée à la faiblesse des
bombardements aériens font que les troupes d?assaut
rencontrent une défense française intacte et résolue. À
Bazeilles, sur 96 bateaux pneumatiques, 81 sont détruits
avant d?être mis à l?eau !
Tous les ponts de la Meuse sont détruits le 12 mai. Celui de
Monthermé est le premier à être détruit puisqu?il disparaît
dès 7 heures du matin. Malheureusement, sa destruction est
imparfaite en raison de sa structure métallique laissant
ainsi des possibilités de franchissement. Durant
l?après-midi du 13 mai, les assaillants ne vont pas tarder à
s?apercevoir que le pont constitue un angle mort dans la
défense française, et l?utiliser pour traverser rapidement
la Meuse.
Il s?agit d?une vue des espaces consacrés à la campagne de
1940 au musée Guerre et Paix !
Merci à Nicolas Aubin, historien de la Seconde Guerre
mondiale, qui a fourni le texte sur la campagne de 40 pour
le hors-série Beaux-Arts consacré au Musée Guerre et Paix.
Visitez le site et le musée >>>>
Lire aussi :
Gérard Giuliano, « Dans le ciel de Sedan le 14 mai 1940.
1 », Terres Ardennaises n° 21, décembre 1987.
Gérard Giuliano, « Dans le ciel de Sedan le 14 mai 1940.
2 », Terres Ardennaises n° 22, mars 1988.
Lire :
Gérard Giuliano, « La
?surprise ardennaise? de mai 1940 », Terres Ardennaises n° 6,
avril 1984, pages 23-32.
clic
sur l'image >>>>
Faits-divers, Le
Petit Ardennais du mercredi 9 mai 1900, consultable sur le site
des Archives départementales des Ardennes
Cinq incendies !! Être assuré
ou non?
AD 08 - Cote PERH44 / 41 - Le PDF du journal du jour : clic
ici
Le dessin d'Alain Sartelet
Un matin de janvier 1782, c'est
l'heure des Laudes dans la vieille église Saint-Georges
de Fumay.
Restitution et dessin Alain Sartelet,
Ardennais exilé et
confiné à Paris.
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Nous avons publié
d'Alain Sartelet :
La
principauté de Sedan.
21 x 30 à l'italienne. 180 p., 1991.
Givet et
sa région à travers les siècles.
25 x 30. 180 p. en quadrichromie, 2015.
- en
coédition avec le Musée de l'Ardenne :
Mézières. Les fortifications et la citadelle.
20 x 25,5. 92 p., 2005.
La page des jeux -
Suivez le fil - Philippe Dupayé
Téléchargez le jeu >>>>
et imprimez-le.
Solution du jeu du journal n° 8 :
14 erreurs
La page des jeux -
Solution du sudoku du n° 9 - Jean-Marie Jolly