Conception
graphique et montage : Jean-Marie Jolly
Un n° 12 au fil de
l?eau
Depuis deux mois, la météo nargue les Ardennes :
agriculteurs et jardiniers se désespèrent de n?avoir vu
tomber que quelques gouttes d?eau, dont le bénéfice a été
bien minime.
Le soleil généreux ? cependant parfois tempéré par un vent
de nord, nord-est aux effets lui aussi desséchants ? n?a pu
que faire enrager les propriétaires des cafés, bars et
restaurants placés dans l?incapacité de déployer leurs
terrasses, perdant ainsi de substantielles recettes. Un
propriétaire de parc animalier du Grand Est s?est fait, sur
le journal régional, leur porte-parole en prononçant ces
propos désabusés : « Et, en plus, il a fait beau, si encore
il avait plu ! »
Non, cette année, ce sont le sud et le sud-ouest de la
France qui ont été amplement arrosés. Les 25 cm d?eau tombés
en une semaine en Gironde, noyant des hectares de vignes,
frappés ensuite par la grêle, n?ont pas manqué de nous
étonner et de nous sentir solidaires.
Ce numéro, en très grande partie, a pour fil conducteur
l?eau : la pensée du jour, les chansons appropriées de Bruno
et de Joël, la promenade sous la pluie avec ?Chû-nous?, le
domaine de Vendresse avec ses trois étangs, l?endroit à
découvrir, la crue de 1910 dans les Ardennes, le patois de
?Salut Nénesse !? exprimant la pluie et ses conséquences, la
triste coïncidence d?un faits-divers qui s?est déroulé le 19
mai 1900, une méthode très originale pour lutter contre les
limaces, ennemies intimes et personnelles du jardinier, et,
enfin, un jeu sur les rivières ardennaises...
Les prévisions météorologiques pour les Ardennes
n?annoncent, pour la décade à venir, qu?un peu de pluie
légère le samedi 23 mai entre 9 h et 19 h ! N?attendez pas
cette courte période, qui vous empêchera peut-être de sortir
de chez vous, pour parcourir ce numéro, maintenant
hebdomadaire, d?un Journal de confinement qui vous apporte
un torrent d?informations.
Merci à l?avance de le porter à la connaissance de vos
proches, de vos amis, ce sont les petits ruisseaux qui font
les grandes rivières. Et pour une fois, elles peuvent
déborder !
Jacques Lambert
Mardi 19 mai 2020
Après 55 jours confinés, le 9e jour
de déconfinement
La pensée du jour
« L?espérance, c?est sortir par un beau soleil et
rentrer sous la pluie. »
Jules
Renard
Commençons en chansons...
Chanson humide - Bruno Pia
_________________________________
LE BAL À JOJO
Le parapluie - Georges Brassens
Énormément de bonnes choses à regarder sur ce blog, en période
de confinement ou non !
NOUZON
on y parle bien
Se
promener avec Terres Ardennaises
Nous étions? au
domaine de Vendresse
Jean Nicolas Gendarme, le plus célèbre des maîtres de forges
des Ardennes1, a pris à bail
en 1816 le haut fourneau de Vendresse, créé en 1564 « par
Dehaisne à la place d?un moulin à blé, dit Moulin de Pailly,
appartenant à l?abbaye d?Élan ».
Ensuite, trois ans plus tard, il « l?achète et le
reconstruit de 1822 à 1824 », en 1838 « il ajoute une
scierie, un bocard, des fours à carboniser » et, en 1839,
« il construit un récupérateur de gaz depuis le gueulard
pour torréfier le charbon de bois ».
Sa troisième fille, Adélaïde Camion, hérite du domaine à sa
mort, en 1845. En 1909, Henri Roussel, maire de Mézières,
crée une pisciculture.
Enfin, en 1997, « après avoir été la propriété de la
Direction départementale de l?Agriculture, les terrains sont
rachetés par la commune de Vendresse puis mis à la
disposition de la Communauté de communes des Crêtes
Préardennaises qui crée le Domaine de Vendresse pour
l?exploitation touristique ».
C?est un bel endroit à découvrir en famille :
https://www.domaine-de-vendresse.fr/. De nombreux
loisirs sont proposés et les passionnés peuvent s?adonner à
la pêche en étang.
Le patrimoine industriel, à travers l?évocation du «
quotidien
des ouvriers
métallurgistes du 19e siècle », est mis en valeur
par un
Spectacle Son et Lumière sur l?activité du haut fourneau.
Il dure 20 minutes et démarre à
11 heures, 15 heures, 16 heures et 17 heures.
La photo de Pascal Chagot a été prise lors de ce spectacle.
1
Marie-France Barbe-Françoise Parizel, Jean
Nicolas Gendarme, un Maître de forges exceptionnel,
Éditions Terres Ardennaises, 2015, 96 pages. Tous
les éléments de ce petit ?article? sont puisés dans
cet ouvrage.
Où sommes-nous ?
Un mot
d?Ardenne : confiné? : racalodgî, mais pas atoumi !
Les mots ne manquent pas dans les Ardennes pour évoquer le
confinement, le repli dans la maison : on peut être
racafourné, racalodgî, racloté, on risque
alors de seracoquillî, de seraguerzillî, etc.,
de se replier sur soi, autrement dit de subir un double
confinement ! Mais l?essentiel est de ne pas en sortir
atoumi? Curieux mot que cet adjectif atoumi ;
bien qu?il n?ait pas été relevé par Charles Bruneau dans sa
grande enquête du début du XXe siècle, il pouvait
être entendu encore au début du XXIe dans
quelques bastions linguistiques ardennais comme Gespunsart,
Nouzonville, Les Hautes-Rivières ou La Neuville-aux-Haies.
Il existe aussi en Argonne, et là, il n?a pas échappé à
l?enquête de Jean Babin, qui l?a relevé vers 1950 avec des
sens divers : « engourdi », « endormi », « sans énergie »,
« un peu fou », « imbécile » : quelle palette ! À vrai dire,
il caractérise un mélange de sensations physiques et de
traits psychologiques, ce qu?exprime assez bien cette phrase
extraite d?un roman historique de Norbert Adam (Alfred
Mézières, Une jeunesse ardennaise à l?heure prussienne en
1870) : « Il arriva vers le sommet de la côte où la bise
l?attendait. Il était tout atoumi autant du froid que
de la peur qui s?insinuaient en lui, s?emparait de tout son
être, ses lèvres ébisées lui faisaient mal et le
pinçaient. » Dans les témoignages que nous avons recueillis
avec Jean Clerc, c?est la notion d?engourdissement qui
prévaut, avec des raideurs pouvant aller jusqu?aux crampes,
et, bien sûr, dans ce domaine, on passe facilement du
physique au moral, du concret à l?abstrait, si bien qu?atoumi
s?applique aussi à un énergumène indolent, mou, lent
d?esprit, paresseux. À Gespunsart, il devient volontiers
terme d?injure : « Espèce d?atoumi ! », mais à Nouzon,
où il s?est renforcé par l?adjonction d?un r-
initial, et où il est devenu nom commun, il n?a conservé que
des acceptions psychologiques : un ratoumi, c?est un
individu indifférent, indolent, bref tombé dans
l?engourdissement qui guette celui qui est resté trop
longtemps racafourné.
Comme tous les mots d?Ardenne, atoumi est également
connu dans d?autres régions : il est bien connu et il est
employé (ou l?a été) en Champagne et en Lorraine, mais aussi
en Picardie et en Wallonie, et tant mieux, car un mot qui ne
voyage pas est un fossile, et il n?existe pas de mot dont
les Ardennes seraient le propriétaire exclusif ! Et celui-ci
a voyagé sous des cieux plus lointains encore : il a été
signalé vers l?ouest en Sologne, vers l?est en
Franche-Comté, dans le Doubs, le Jura, en Suisse, etc.
Voyage dans le temps aussi : le verbe entomir
signifie déjà en ancien français « engourdir, étourdir », et
il a pris souche, fondé une famille : l?entomissement
c?est l?engourdissement, au propre et au figuré,
entomissant signifie « stupéfiant », bref une famille
bien installée dans la langue. Mais d?où vient-elle ? Bien
connaître un mot, c?est aussi savoir ses origines, mettre au
jour son bulletin de naissance, et surprise, celui-ci en
possède plusieurs ! On l?a cru d?abord issu du verbe latin
intumescere, signifiant « enfler, gonfler »,
l?indolence étant souvent associée à l?embonpoint? Mais
manque de chance, en Wallonie, il s?applique aussi à des
individus maigres, décharnés. Il fallait alors trouver une
autre solution, conforme non seulement aux lois de la
phonétique, mais aussi convenable du point de vue du sens?
Vers 1925, le grand lexicologue suisse, W. von Wartburg,
qui publiait le premier volume de l?immense dictionnaire qui
allait occuper toute sa vie, y voyait un dérivé du latin
d?origine grecque anatomia, qui prit le sens, au XVIe
siècle de « dissection ». Il fut suivi par Jean Haust, le
grand maître de l?école de dialectologie belge, et
convainquit également Albert Dauzat qui pensa le reconnaître
dans le provençal toumio « personne endormie »,
répertorié dans le Trésor du félibrige, et s?enthousiasma
aussitôt : « mot de carabins, qui a dû être propagé par
l?École de Médecine de Montpellier ». Hélas, en étymologie
comme dans les autres sciences, molles ou dures, les
certitudes sont toujours provisoires, et peuvent être
remises en question par celui-là même qui les a initiées? On
retrouve atoumi dans le tome 17 du dictionnaire du
grand Wartburg, publié en 1966, mais sous une entrée toute
différente, puisqu?il s?agit de l?ancien haut allemand
tumb « sot, bête », à l?origine de l?allemand moderne
dumm. La révision s?explique par la prise en compte de
données lexicales supplémentaires, par un élargissement de
l?information sémantique et pas un affinement de l?approche
phonétique? Ce qui montre que l?histoire de l?étude des mots
peut être aussi riche que l?histoire de ces mots eux-mêmes.
Michel Tamine
Livre de Norbert Adam, 223 pages, en vente aux
Éditions Terres Ardennaises.
22,50 ?
Le
petit train de Mézières à Wasigny
Une petite ligne ardennaise
construite par des ouvriers italiens !
Collection
Dominique Mézières.
Collection
Dominique Mézières.
Collection
Dominique Mézières.
Collection
Dominique Mézières.
Lire l'article de Jean Diel :
« Le
petit train de Mézières à Wasigny », in
Terres Ardennaises
n° 15, juin 1986, p. 1-4.
clic
sur l'image >>>>
Cartes
postales :La crue de 1910 dans les Ardennes
En janvier-février 1995, la crue de la
Meuse est spectaculaire : « On
enregistre 5,75 mètres à Monthermé, 5,83 mètres à Chooz, 6,28
mètres à Mézières, 6,64 mètres à Montcy-Notre Dame et 7,28
mètres à Sedan, un record. À Haulmé, la Semoy atteint 3,28
mètres et la Chiers atteint 3,86 mètres à Carignan1. »
6,28 mètres à Mézières : 1, 70 m de plus
qu?en 1910?
Dans les mémoires ardennaises, cette
crue tragique de 1995 ne s?oublie pas, mais dans la mémoire
nationale, les inondations qui font toujours référence sont
celles de 19102.
Il est vrai que Paris a été gravement
touché :
Ayant eu nous-mêmes, en 1995, notre
local, situé rue Hachette dans le quartier de Mézières, inondé
et ayant subi de sévères pertes en livres et revues, le thème du
n° 50, numéro anniversaire en quelque sorte, que nous
cherchions, nous avait été imposé par l?eau !
J?en extrais plusieurs commentaires sur
la crue de 1910 dans les Ardennes :
Pour l?Aisne, à Vouziers3,
« les pluies firent déborder de nombreuses rivières françaises
en 1910, mais l?eau ne monta au pont de Vouziers qu?à 4,12
mètres.
Collection
Dominique Mézières.
Le Petit Ardennais du 21 janvier
1910 publie la description d?une situation qu?on retrouvera
souvent.
?À Vouziers, l?eau passe aux abords du
pont d?Arches, sur la route nationale, et la grande prairie
comprise entre le château Savigny et Falaise n?est plus qu?un
immense lac. Il en est de même en aval, sous Chestres, Vandy,
Terron et Voncq, où le débordement atteint la route desservant
ces localités ; en résumé, cette inondation est désastreuse et
l?écoulement des eaux sera lent, car le débouché de l?Aisne est
très restreint, par la suite de la conformité du même cours
d?eau, qui est une sinuosité compliquée? ».
Pour la Meuse, il est indispensable de
lire l?article complet de Gilles Déroche4
que nous vous proposons plus bas, car il revient sur les causes
générales de ces crues répétées.
Collection
Dominique Mézières.
Collection
Dominique Mézières.
Collection
Dominique Mézières.
Ajoutons ces remarques sur Fumay5
où le conducteur
(employé de la DDE, ayant en charge la Meuse) ne déplore pas de débordement donc pas de
poissons et alevins piégés dans les prairies à remettre à l?eau,
et sur Givet6 :
« La crue de 1910 est pratiquement une crue assez classique, une
crue qui se situe les 27 et 28 février et début mars, à la fin
de l?hiver.
La Meuse déborde et inonde une grande
partie de la ville, scénario habituel. Néanmoins, le niveau de
1880 est loin d?être atteint et pourtant la crue de 1910 reste
célèbre. Il y a quelques raisons à cela : son importance, sa
durée et son impact dans une grande partie de la France et
particulièrement la région parisienne.
(?) Hélas, un triste accident est arrivé
quand l?eau commençait à se retirer. M. Dervaux père, qui avait
passé de nombreuses personnes, chavire en barque ainsi que son
fils ; le fils est sauvé mais le père est entraîné par le
courant et noyé. »
Un seul point positif à cette crue7 :
« 1910 est une ?aubaine? pour les industriels. Le journal
Le
Béton Armé, système Hennebique, préconise un nouveau système
de ponts qui ait un minimum de piles donc un minimum
d?obstruction et une solidité supplémentaire donnée par le
matériau utilisé. Plus modestement, les entreprises ardennaises
se disputent les commandes d?échelles hydrométriques en fonte
douce. Sont sur les rangs le fonderie Froide-Fontaine
(Neufmanil), Gabriel Coussain (Haybes-sur-Meuse), Willaime
(Charleville), Hénon-Gailly (Charleville), Collignon (Deville),
Henroy/Toupet (Nouzonville) mais ce sont les établissements
Bidez et Haller à Fumay qui emportent le marché et feront de
même en 1912. »
Jacques Lambert
L?article de Gilles Déroche à lire en
entier :
« La crue de 1910 à
Charleville et Mézières », in Terres ArdennaisesInondations n° 50, avril 1985, p. 30-38.
Clic sur l'image >>>>>
Pierre Hubert remarque : « [1910] a
surtout marqué son époque par sa très large diffusion grâce à la
Carte Postale. C?est encore les débuts de celle-ci qui connaît
là son âge d?or et les cartes postales sont nombreuses qui
racontent l?événement, illustrées par les centaines de curieux,
heureux et fiers de ?poser?. »
Découvrons l?album que nous offre
Dominique Mézières.
accroler
v. t. Embourber. El Gabriel et té accroler sa
tcher da l?ornière d? la Tcherra en allant qu? ri sa part sa
part det bois. Il et fallu qui déboqu? te pou l? sorti.
afflachi
adj. Se dit d?une herbe ou d?une récolte sur pied couchée
par la pluie ou le vent. Se dit aussi d?une personne
fatiguée qui n?arrive plus à se tenir droite. Oh! Waite
don met pauves plantes : avet la tchaleur qui fait, let v?
là toutes afflachies.
berlée
n. f. Forte giboulée. - Mais qué ta, nemmé Nénesse ! - Ah
! Si t?avaus v? nu dimantche, à la sortie d?la messe, quoi
qu?tu z?araus dit ! Tu parles d?une berlée, il et
fallu qu?la Sidonie r?leve set cottes su la tête pou
protéger sa tchépieau.
bigat
n. m.Bourbe, vase, boue. - Ej vins d?vouloir
aller au djardin, mais ça dédgeale : tu parles d?un bigat
! - Tu penses bin qu?la terre, c?est d?la boue, qu?on n?pe
rin faire da let djardins.
bouillasse
n. f. Boue liquide. - Alors, Nénesse, on patauge ! - La
neidge, c?est bieau quand ça tchoit ; mais quand ça fond,
c?est d?la vraie bouillasse : viv? ma l?mois d?mars.
bouler
v. i. Marcher dans une flaque d?eau, s?enfoncer dans la
boue. -Tu z?a n?et, det pies niches ! Pleins d?boue !
Coumma qu?ej vas rawoi tet chaussures ? Quoi qu?tu z?es
fait ? -D?jai boulé det deux pies de la l?ruche du Camo.
cliffe
n. f. Éclaboussure. - Bet, tu z?es da un bieau état !
Waite don ta culotte ! N?y a n?et, det cliffes det
boue ! - C?est une auto qui est passée da n'goffe et qui
m?et cliffé.
cliffer
v. t. Éclabousser, lancer de l?eau avec les mains. Fais
don attention, Nénesse ! Tu vois bin qu?tu cliffes
partout.
dépichie
v. i. Ruisseler. - Ah ! Mon Diu ! À c?quet tu z?es té,
pou dépichie pareill? ma ? - Déhors ! tu n?wois don
mi coumme y plûe ?
drichie
v. t. Asperger.
échappi
adj. Égoutté. - Là co la pluve, Mélie, qué ta d?chien ! Y
plûe ! - C?est malheureux, j?n? y ai rin vu ! Et met lindges,
qui sont padus déhors et qui étint bin échappis, let
v?là r?mouillies.
foiyie
v .i. Cingler, en parlant du vent et de la pluie. Il a
n?et fait iune, det nuit ! Y pluva à sieaux, et y faija du
va ! Ça et tell? ma foiyie, qu? ma vélo, qui éta
pourtant à l?abri, et té neyie.
gadouille
n. f. Gadoue, boue. - Ça fait huit djours qu?i plue, n?y
et pus moyen d?aller au djardin. - Tu penses, ça doit ête de
la gadouille.
gadouilleux
adj. Boueux. D?puis l?ta qui plûe, let tch?mins sont
tell?ma gadouilleux, quet même let woitures n?pouvont
pus y passer.
glau
n. f.Flaque d'eau. Dédé, vins là !Mais,
vins don là, bon Diu ! C?est curieux, qu?tu n?saraus
martchie au prope, faut qu?tu passes da let glaus,
pou awoi let pies trempés.
goffe
n. m. Flaque d?eau large et profonde. Tu sais bin qu?i d?vrint
r?faire ess? tchémin-là ! Waite, tous let nids à pouille qui
n?y et : quand y plue, tout ça, c?est det goffes.
dgicler
v. i. Gicler. - Bet, tu z?es bieau ! A v?là iune, d?assonre
! - C?est une auto, va, qui est passée, juste au moma
qu?d-j?étaus en face d?un goffe, ça et dgiclé,
malheur ! Dj?ai té néyie.
Mousiner
[musine] v. i. Bruiner. Y n?fairait mi clair det la
journée, avet c?brouillard-là : ça commace à mousiner.
néyie
adj. ou n. Noyé, trempé. - Pourquoi qu? la sirène qui
appelle let pompiyies et té, hé ? - Y paraît qu? c?éta pou
rapéchie un néyie.
- Bet, tu z?es da un bieau état ! - Waite don ! Tu parles,
d?une woilée ! Ej saus néyie.
nuée
n. f. Orage avec averses de pluie ou de grêle. - Tu
parles d?une nuée qu?on et iue hier ! - C?éta coumme
un ruche qui déchada du faubourg : on pouva déchade en
barque au villadge.
patouillie
v. i. Marcher dans l?eau, la boue ; patauger. - Bet,
waite don, l?Dédé ! Bet, y va awoi det bieaux pies ! Waite
don coumme y patouille das let goffes ! - Oh ! Mon
Diu ! Qué sale gamin ! Es-tu fini d?patouillie da let
glau ?
plure
v. i. Pleuvoir - Dépêtchons-nous d?rentrer, ma p?tit, el
ciel et s? noirci. - Oui, j?crois bin qui va plure,
pépère.
pluve
n. f. Pluie - N?y et assez d?pluve coumme ça,
sais-tu, Nénesse. - Ej tet crois, n?y est huit djours
qu?i plue : la terre n?a ve pus.
radaûche
n. f. Averse. Il et iu la radaûche su l?dos.
ravaud
n.m. Petit cours d?eau formé par les pluies.
ravauder
v. t. Raviner. L?oradge det c?tet nuit-ci et ravaudé
tout l?djardin.
séqu?resse n. f.
Sécheresse. Qu? séqu?resse! Ça fait plus
d?deux mois qui n?est plu, tout va créver, let plantes et
let dgens.
ta
n.m. Temps. - Mais, qué ta, hé, René ! - Oui, va,
Nénesse, falla d?la pluve pou let djardins, mais trop, c?est
d?trop.
woiche
n. f. Flaque d?eau. El tchémin du hâladge s?ra bon à ête
réparé : n?y a n?n?et d? et woiches !
woichie
v. t. Faire du bruit en marchant avec les pieds trempés.
Dj?ai let pies néyies, dj?ai martchie da une flaque d?ieau,
ça et woiche.
woilée
n. f. Averse. Tu parles d?une woilée !Ej
saus néyie, dj?ai iu tout su l?dos.
COLMATER LA BRÈCHE !
Le 13 mai au soir, les premières brèches sont ouvertes dans
la défense française. Le 14, des groupements interarmes les
élargissent en progressant en « doigts de gant » : ils
contournent ce qui peut l?être et écrasent les rares et
faibles contre-attaques françaises. Le 15, les Allemands
débouchent en terrain libre et bousculent les Français en
menant la guerre à un rythme échevelé.
Chez les Français, le système de commandement vole en
éclats. Les généraux n?ont plus une vision claire des
combats et ne communiquent plus avec leurs troupes. Les
réactions françaises se résument en un lancinant : « Trop
peu, trop tard. » Quelques poignées de chars sont engagées
seules, dans le désordre et sans réserves d?essence et de
munitions à Chémery ou à Guignicourt ! Des cavaliers sont
sacrifiés pour colmater la brèche à la Horgne !
Un suicide ! Le désastre de 1940 n?est imputable ni à la
troupe ni au monde politique. Il sanctionne surtout la
faillite intellectuelle du haut-commandement.
Des soldats allemands dépassent l?un des chars français
FCM36 détruit lors de la contre-attaque avortée du 14 mai, à
proximité du village de Connage. Appartenant au 7e
B.C.C., ce char léger de 13 tonnes possède une bonne
autonomie mais son armement est bien trop faible pour lutter
à égalité avec les Panzer III et IV de la 1re
PzD. Ainsi, la plupart des engins français épuiseront tous
leurs obus de rupture, le plus souvent sans effet sur le
blindage adverse.
Très tôt le matin du 15 mai, une partie de la 3e
Brigade de Spahis organise la défense du village de La
Horgne en établissant des barricades sur les routes et
chemins. Elle bloque toute la journée un bataillon motorisé
de la 1re PzD, avant que l?intervention des chars
n?emporte la décision. Cette rare photographie semble avoir
été prise juste après la fin des combats, après
l?investissement du village par les blindés allemands.
L?attitude et les visages de ces combattants, saisis peu
après les combats, traduisent parfaitement l?âpreté et
l?intensité de la lutte menée pour la prise du village de La
Horgne. En fin d'après-midi du 15 mai 1940, la 3e
Brigade de Spahis a perdu une cinquantaine de tués dans le
secteur de La Horgne et sans doute deux à trois fois plus de
blessés. Après leur avoir rendu les honneurs de la guerre,
les Allemands capturent 86 prisonniers dont beaucoup sont
blessés. Cet affrontement illustre les vaines tentatives
françaises pour colmater la brèche ouverte par la percée
allemande sur la Meuse.
Alors que les chars allemands de la 2e PzD
quittent Poix-Terron en direction de La Bascule, ils
surprennent l?une des compagnies de char FT du 33e
BCC. Les petits blindés de la Grande Guerre se font
massacrer sans pouvoir riposter, leur canon étant totalement
inefficace contre les engins allemands. Consciente de la
faiblesse de leur engin, une partie des équipages français
se replie vers Launois par la route de Jandun où la plupart
seront perdus. Pourtant nul triomphalisme dans ce document.
Face aux cadavres de l?équipage français, les visages de
leur adversaire restent graves.
Pour en savoir plus sur le combat de la Horgne, se référer à
l?excellent ouvrage de Thierry Moné, Les spahis de La
Horgne, Édition La Gandoura, dont les derniers et rares
exemplaires sont disponibles à la boutique du musée Guerre
et Paix.
En
complément :
1940, la bataille de France au jour le jour :
13 mai, la percée de Sedan
clic sur l'image >>>>>>
Visitez le site et le musée >>>>
Faits-divers, Le
Petit Ardennais du samedi 19 mai 1900, consultable sur le site
des Archives départementales des Ardennes
L?eau meurtrière
Toujours pour les municipales,
des étiquettes politiques ?fleuries? choisies par les
journalistes. De nos jours, fleurissent les SE : ?sans
étiquette? !
L?ancêtre de la vignette
automobile
AD 08 - Cote PERH44 / 41 - Le PDF du journal du jour : clic
ici
Le dessin d'Alain Sartelet
Givet, en cette nuit glacée du 23 décembre de l?an de
grâce 1772, toute la ville dort, ou presque? Dans la
tour Victoire, un feu salvateur ronfle dans la salle des
gardes plongée dans une douce chaleur, le silence est
interrompu de loin en loin par le bois qui siffle,
craque et se rebelle sous la morsure de la flamme. Il va
falloir quitter cette quiétude? C?est l?heure de la
ronde, onze heures sonnent au clocher de Saint-Hilaire?
Dans les allées des jardins de la Maison du Roi, les pas
du garde font croquer le givre bleuté qui scintille?
Au-dessus, là-haut, dans l?immensité des ténèbres,
Orion, la plus belle des constellations, barre le ciel
de ses trois étoiles, joyaux d?une même couronne,
hommage aux « Trois Rois » venus d?Orient à la rencontre
d?un tout petit enfant né bien loin d?ici, nu et pauvre
par une nuit froide et piquetée de diamants comme
celle-ci. Peu à peu, aux marches du royaume de France,
dans la beauté ineffable de la nuit, la fête de Noël qui
approche distille sa joie et son mystère dans le c?ur de
la sentinelle? Solitaire et fidèle, elle veille sur la
forteresse endormie dans son armure de pierre?
Dessin Alain Sartelet,Ardennais confiné à
Paris.
_______________
Nous avons publié
d'Alain Sartelet :
La
principauté de Sedan.
21 x 30 à l'italienne. 180 p., 1991.
Givet et
sa région à travers les siècles.
25 x 30. 180 p. en quadrichromie, 2015.
- en
coédition avec le Musée de l'Ardenne :
Mézières. Les fortifications et la citadelle.
20 x 25,5. 92 p., 2005.
Gastronomie : Ail des ours ? Allium ursicum
D?après la Nouvelle flore
du Nord de la France et de la Belgique de Gaston Bonnier, ma
bible floristique des années 60, l?ail des ours ou ail des
bois, de la famille des liliacées (Liliaceae devenue
depuis Amaryllidaceae pour le genre Allium),
est noté rare dans les Ardennes. Il se trouve dans les bois
et les bords de ruisseaux d?avril à mai et est vivace. Une
seule propriété médicinale signalée : plante
irritante !
C?est une
présentation peu flatteuse d?un végétal déjà utilisé par
les Celtes pour ses vertus purifiantes et qui « a des principes
actifs identiques à ceux de l'ail commun mais à des
concentrations supérieures1 ».
L?ail des
ours est assez rare dans les Ardennes mais lorsqu?il
investit un lieu alors celui-ci se développe sous la forme
de tapis très denses.
Sa
croissance débute en mars. À la base de chaque pied un
bulbe qu?il convient de protéger lors de la cueillette. Les
feuilles (20 à 30 cm), qui ressemblent à celles du muguet
(toxiques), développent une agréable odeur aillée lorsqu?on
les froisse (ce qui évite toute confusion avec d?autres
plantes). D?ailleurs si vous traversez un bois après un gros
orage de grêle une odeur très forte est révélatrice de la
présence d?ail des ours? Les fleurs délicates apparaissent
en avril (ombelle simple, fleur blanche, en étoile, à six
pétales).
Les
feuilles, les boutons floraux et les fleurs se consomment
crus ou cuits. La récolte se fait en principe avant la fin
de la floraison.
La
mention ?irritante?, seule propriété médicinale notée par
Gaston Bonnier, se retrouve néanmoins sur le site de
Doctissimo : « La consommation d'ail des ours est
contre-indiquée en cas d'irritation gastrique, d'irritation
intestinale ou urinaire. »
Dans les
cakes salés,
croquettes de légumes, galettes de pommes de terre
;
Dans des
gratins, plats de légumes au four, salades ;
Dans les
soupes, etc.
Une série de
recette sur le site :
Un cake sympa :
clic sur l'image
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La cueillette et son
résultat. Photos Françoise Thomas.
Les grandes lignes de la
recette de Françoise :
Une
pâte feuilletée, 4 ?ufs, 25 cl de crème fraîche, du sel, du
poivre, de l?ail des ours, un peu de gruyère râpé. Étaler la
pâte. Préparer un appareil en fouettant ?ufs, crème, sel,
poivre. Étaler l?ail des ours coupé en petits morceaux sur
la pâte (tout se mange dans l?ail des ours, mais
personnellement, je préfère les feuilles). Recouvrir de
l?appareil. Parsemer de gruyère râpé. Mettre à cuire à four
chaud, et déguster.
Nous avons publié ce livre de Françoise
Thomas en 2015.