Conception
graphique et montage : Jean-Marie Jolly
La première semaine de parution de ce « Journal de
confinement » s?achève déjà ! Nous sommes bien loin du
?brouillon? paru le 17 avril. Nous n?étions alors animés
que par la louable attention de faire au mieux et, depuis,
notre projet s?est enrichi.
Dans le journal Le Monde, daté du mercredi 22
avril, un long article très intéressant et poignant
s?interroge sur le devenir de la culture, frappée au c?ur
par la crise, des lieux où elle existe et du devenir de ceux
qui la font vivre et qu?elle fait vivre, ou plutôt survivre?
en temps ordinaire.
Son titre, ?Bâillon de culture?, est un jeu de mots qui
renvoie à la célèbre émission ?Bouillon de culture?, animée
par Bernard Pivot pendant 10 ans, de 1991 à 2001.
Modestement, avec ce « Journal de confinement », nous
tentons de le desserrer un peu.
Samedi 25 avril 2020 : 40e jour
La pensée du jour : « Je me suis souvent
montré surpris et étonné que l'argent liquide ne puisse être
tiré à la pression. »
Pierre Dac
Commençons en chansons...
Vide grenier
Bruno à Launois en 2015 accompagnée de Valérie
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LE BAL À JOJO
Un hommage à Christophe
Joël à Launois en 2011
Se
promener avec Terres Ardennaises
Nous étions? à Giraumont,
devant
le mégalithe découvert par le docteur Jean-Gorges Rozoy et
sa famille sur les hauteurs de Giraumont au lieu-dit « La
Ganguille » ou « Cordemot ».
Jean-Pierre Penisson[1]
écrit : « La fouille fut entreprise et révéla une allée
couverte d?une longueur de 7 mètres constituée de dalles de
pierre de Stonne. Une allée couverte est une longue allée
étroite couverte de dalles, constituée d?une antichambre (antecella)
s?ouvrant sur la chambre (cella). Ce monument
funéraire avait la fonction de tombe collective où les
ossements des défunts étaient rassemblés. Les fouilles ont
parfois révélé la présence de plusieurs centaines
d?individus. Fréquemment ces tombes collectives ont été
réutilisées aux périodes succédant à la préhistoire. Nous
sommes à 17 km ouest-sud-ouest de Mézières à une altitude de
220 mètres dominant la vallée du Thin et l?A304. »
Quand le temps du
déconfinement sera venu, suivez le conseil de Jean-Pierre
Penisson : « C?est une agréable visite à effectuer en
partant du village de Saint-Marcel, vers le hameau de
Giraumont avec sa belle chapelle dont l?origine remonte au
XVIe siècle. Sortir du village par le nord, gravir la petite
route du dolmen qui conduit au monument aux coordonnées
49° 46′ 11,01″ N, 4° 32′ 57,02 ″ E. »
[1] Jean-Pierre Penisson, « Un
mégalithe à deux pas de l?A304 : l?allée couverte de
la Ganguille à Giraumont », in En parcourant
l?A304, Terres Ardennaises, n° 148,
octobre 2019.
Où sommes-nous ?
La
mignole ardennaise
Une mignole tirée par des chevaux.
Collection Jean Bodaux.
Avant d?une mignole. Collection
Jean Bodaux.
Arrière d?une mignole.Collection Jean Bodaux.
Dans le dessin d?Alain Sartelet, paru dans le journal n° 3,
on voit l?avant d?une mignole.
Il s?agit d?un bateau né en Belgique, des lithographies du
XIXe siècle représentent la Meuse à Liège, Namur
et de Dinant, sur laquelle voguent des mignoles aux formes
caractéristiques.
Elles ont, selon le spécialiste Charles Berg1,
des formes caractéristiques qui sont ses levées avant et
arrière, qui lui donnent une allure amphidrome (les
bateaux sont presque symétriques à l'avant et à l'arrière),
trahissent chez la mignole son origine purement fluviale
: aux temps anciens où les rivières étaient sommairement
aménagées, l'on s'amarrait souvent perpendiculairement à la
rive constituée par une plage ou une grève en pente douce,
pour décharger le fret en s'échouant à moitié.
De nombreuses mignoles ont été construites dans les
Ardennes, en particulier au chantier Maubacq de Pont-à-Bar.
Un
article complémentaire : LAMBERT Jacques,
« La mignole ardennaise », in Les
Ardennes à fleur d'eau, Éditions Terres
Ardennaises, p. 294-297.
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D?autres remèdes
« catholiques ou non !! » contre les grippes, maux de gorge et
coryzas
Contre la fièvre,
toujours des bouillons, mais de centaurée, de lierre, de
sureau plus efficace que la récitation de cinq Pater cinq
Ave, à genoux près d?une épine blanche. On liait aussi,
autour d?un tremble, sa jarretière pendant neuf jours
consécutifs, après avoir récité : « Fièvre ici je t?attache
? celui qui te détachera ? aussitôt la fièvre il aura. » On
disait, pour obtenir une guérison immédiate : « Notre
Seigneur portant sa croix, il lui survient trois juifs dans
un chemin qui lui disent : ?Jésus, tu trembles, Nazaréen que
fais-tu là ? Je ne tremble ni ne frissonne. Je commande aux
fièvres tierces, aux fièvres quartes, aux fièvres purpurines
de sortir du corps de cette personne?, ensuite il faut dire
cinq Pater et cinq Ave. » L?eau, que l?on tirait d?un puits
« à minuit que commence la Saint-Jean » guérissait de la
fièvre. Vers la fin du siècle, pratiques à connotations
magiques et avancées de la médecine moderne se mêleront.
Ainsi un enfant soignait une légère bronchite en gardant la
chambre pendant huit jours, au moins ; il subissait une
purge à l?huile de ricin, la diète, la pose de cataplasmes
de farine de moutarde dans le dos et sur la poitrine ainsi
que des bains de pied à la farine de moutarde également.
Alors que, pour une diphtérie, lorsqu?on pense l?enfant
perdu, on lui offre un verre d?eau sucrée dans laquelle on a
versé « de la matière blanche des excréments frais des
poules ». L?enfant crachera alors longtemps et sera sauvé?
Extrait de
LAMBERT Jacques, Campagnes et paysans 1830-1914,
Éditions Terres Ardennaises, 584 pages
Douceur dominicale
Puisque demain c?est dimanche, jour plus propice à la
pâtisserie, reprenons les propos de Simon Cocu sur la
galette au sucre.
« Je lis dans le journal ?Vacances en
Ardenne? ?1986) édité par le Conseil général plusieurs
recettes ardennaises dont une intitulée : ?la vraie galette
au sucre?, recette qui comporte en tout 8 ?ufs pour 500 g de
farine, 300 g de beurre sans compter le beurre du dessus en
?noisettes? !
Heureux temps d?abondance qu?aujourd?hui !
Mais hier était plus chiche.
Et puis-je me permettre de dire qu?il n?y a pas de recette
de la vraie galette au sucre, ni de la vraie
baïenne, ni de la vraie salade au lard, mais des
recettes variables selon les contrées du département, selon
l?humeur et le porte-monnaie des femmes, maîtresses des
fours et des fourneaux.
À titre d?exemple, voici celle de ma grand-mère.
Pour une galette de 28-30 cm de diamètre : 200 g ou 250 g de
farine, un ?uf (trop d??ufs dessèchent, disait-elle), une
tasse de lait tiède sucré dans lequel était délayée une
petite noix de levure de boulanger, 50 g de beurre fondu. Le
tout était pétri avec énergie pendant 5 bonnes minutes et
étalé dans la tourtière graissée. La levée de la pâte devait
se faire au chaud sans courant d?air pendant une bonne
heure.
Puis, dans un four bien chaud, elle enfournait après avoir
disposé avec plus ou moins de générosité les fameuses
noisettes de beurre, qui produiraient des ?glaus? et
saupoudré abondamment de sucre fin.
Dix minutes suffisaient pour voir le chef-d??uvre odorant
passer de la tourtière à la ?volette? et bientôt dans notre
estomac car c?est comme cela que nous la préférerions :
brûlante.
Bien entendu, cela ne se passe pas de commentaires : on peut
varier les proportions, employer un peu plus de beurre,
l?utiliser en pommade plutôt que fondu. Ma grand?mère
utilisait quelquefois du lait ?Gloria?, d?autres de la crème
soit pour la pâte soit pour la garniture du dessus. Le haut
du buffet pouvait servir d?étuve pour la levée, etc.
Les résultats étaient assez différents d?une maison à
l?autre : on connaissait ainsi des galettes épaisses et
bourratives, d?autres minces et craquantes, les meilleures
étant bien ?veules?. Mais dans toutes les armoires, la
semaine de la fête, elles finissaient sèches : ?On tuera enne houme avet? (On tuerait un homme avec) disait ma mère
qui soulignait ainsi la nécessité de les ramollir en les
réchauffant au four. »
Simon Cocu, « À propos de la cuisine
populaire : galette au sucre, baïenne, salade au lard », in
Boire et manger en Ardennes, Terres Ardennaises
n° 16, octobre 1986, p. 2.
Dans le four à bois d?Évigny, qui
jouxte la Maison de Pays, chaque dimanche après-midi d?été,
de succulentes galettes à sucre sont cuites puis vendues.
Les amateurs viennent parfois de fort loin pour les acheter.
À Évigny, on ne lésine ni sur les noisettes de beurre ni sur le sucre
fin...
1870-1873 - UNE PREMIÈRE OCCUPATION ALLEMANDE
:
LE CHARNIER
« On sait comment se font d?ordinaire les tableaux des
batailles. Il ne s?agit pas d?être vrai? Il n?est même pas
nécessaire que le peintre ait assisté aux combats qu?il
décrit? Le but est de glorifier le vainqueur? C?est la
bataille académique, officielle. »
Loin de ce mode de représentation qu?il dénonce, le peintre
et illustrateur Auguste Lançon est envoyé par le journal
L?illustration dans l?ambulance de la presse au tout
début de la guerre de 1870. Il cherche le moyen de
représenter la guerre sous son véritable aspect, en
parcourant les champs de bataille à la recherche des
blessés, pour en dresser un témoignage le plus juste. Il en
profite pour fixer sur un carnet des croquis rapides de
nombreuses scènes, qu?il utilise ensuite pour réaliser des
eaux-fortes.
Carrières de Villemontry sur
la Route des 3 Fontaines. 31 août 1870.
Le résultat est d?une très grande valeur documentaire. On y
trouve une précision du détail qui dénote une influence
indéniable du développement de la photographie. Il introduit
une part de réalisme très novateur en n?hésitant pas à
dessiner des morts et des charniers, alors que pendant très
longtemps la question du cadavre renvoyait à un interdit
profond dans la représentation de la guerre, morts qui ne
devaient être que glorieux. Et pourtant, ce dessin du
transport des morts allemands et leur enfouissement dans les
fosses communes après la bataille de Beaumont (30 août 1870)
ne doit rien à l?imagination. Plus de 650 soldats allemands
sont tués durant cet engagement et sont enterrés
immédiatement pour éviter les épidémies. La récupération des
effets militaires, la pratique d?utiliser les fusils pour
former des brancards de fortune, tous ces détails dénotent
le sens de l?observation de Lançon.
Toutefois, ses dessins sur la campagne d?août font scandale
en raison de cette vision macabre, rejetée par ses
contemporains. Il est vrai que ce sont des sujets
dérangeants, souvent ignorés, car tellement éloignés des
clichés patriotiques et cocardiers que véhiculent les
illustrations « officielles » !
Visitez le site et le musée >>>>
La page des jeux - SOBRIQUETS
(suite du journal n° 3) - Philippe Duplayé
Téléchargez la page
>>>>
et imprimez la
Faits-divers, Le
Petit Ardennais du mercredi 25 avril 1900, consultable sur le site
des Archives départementales des Ardennes
JUSTICE
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Solutions du PASSE-TEMPS du n° 3
La charade était une mise en bouche : Cou-Vert donne Couvert
Rébus : UN sous RIRE, sous VENT, C, chemin, pleurs, âme,
R
donne : Un sourire, souvent, sèche maints
pleurs amers.
AD 08 - Cote PERH44 / 41 - Le PDF du journal du jour : clic
ici
La galerie
Renaissance du château de Montcornet et la grand "guette" de
charpente et d'ardoise, un jour de neige de l'hiver 1602".
Restitution et dessin Alain Sartelet, Ardennais
confiné à Paris.
_______________
Nous avons publié
d'Alain Sartelet :
La
principauté de Sedan.
21 x 30 à l'italienne. 180 p., 1991.
Givet et
sa région à travers les siècles.
25 x 30. 180 p. en quadrichromie, 2015.
- en
coédition avec le Musée de l'Ardenne
Mézières. Les fortifications et la citadelle.
20 x 25,5. 92 p., 2005.
La lettre n° 79 de Terres
Ardennaises d'avril 2020