Conception
graphique et montage : Jean-Marie Jolly
Un journal vraiment énervant
Au moment d?écrire ce chapeau, je me demande si ce n° 6 ne
va pas agacer avec Chaud la couenne, alors que les
températures viennent brutalement de chuter, frustrer les
passionnés de la pêche avec sa carte postale, faire enrager
ceux qui ne pourront ni utiliser le langage des arbres de
mai pour témoigner leur amour ni se ?venger? de leurs
voisins en ramassant ce qui traîne dans leurs propriétés
pour le conduire sur la place du village, et, enfin,
exacerber l?envie de ceux qui souhaitent se rendre
rapidement à la Chartreuse du Mont-Dieu, un beau lieu de
promenade?
Quant à ceux, privés d?emploi par la crise, je n?ose
imaginer leur réaction devant la Macérienne d?où sortent des
ouvriers et, surtout, quand ils entendront ces paroles
extraites de La tendresse :
Contrôlant également la Meuse, le fort des Ayvelles est
situé sur le passage de la IVe armée allemande.
Son gouverneur est le chef de bataillon Lévy-Alvarès, ayant
sous ses ordres deux compagnies du 45e RIT et 300
artilleurs territoriaux, pour la majorité originaires des
villages voisins. En tout, un millier d?hommes avec une
artillerie vieillissante, mais encore capable de combattre.
Alors que les combats principaux se déroulent dans la région
de Sedan et attirent les troupes françaises, le fort se
retrouve isolé avec l?obligation de tenir à lui seul un
front de près de onze kilomètres. Dans l'esprit du
commandant Lévy-Alvarès, les Ayvelles ne peuvent plus
assumer la mission de point d?appui des troupes en campagne
qui lui avait été confiée. Dans ces conditions, il décide
durant la journée du 25 août d'envoyer une dépêche au
commandant de la 4e armée pour demander des
instructions en vue d?une évacuation. Toutefois, au lieu
d'attendre un ordre de confirmation, il décide d'évacuer le
fort le soir même.
Avant de partir, les pièces sont mises hors d'usage et le
ravitaillement arrosé de pétrole. La garnison se met en
route vers 23 heures le 25 août 1914 en direction de
Boulzicourt. Entre-temps, le Gouverneur reçoit l?ordre du
Général Eydoux qui commande le 11e corps de
réoccuper le fort et de mettre en ?uvre son artillerie. Il
rejoint alors la garnison qui, après avoir bivouaqué à Poix-Terron,
reprend la route des Ayvelles à 13 heures en ce 26 août !
Pendant ce temps, les Allemands n'étaient pas restés
inactifs et préparaient le bombardement du fort des Ayvelles.
Dans l?intervalle, le Général Eydoux envoie le 336e
R.I. le 26 août pour réoccuper les Ayvelles. On n?arrive pas
à remettre les pièces en état de tir, mais l?infanterie
prépare la défense du fort.
Dès la fin de l'après-midi du 26, l'artillerie allemande
était prête à tirer. Elle ouvre le feu vers 17 heures,
tirant à la fois sur la colonne de la garnison arrivant au
fort et les troupes du 336e en position autour
des ouvrages. En début de soirée, le 336e R.I.
quitte ses positions et se replie. Plus tard vers 20 heures,
70 douaniers et forestiers des Eaux et Forêts arrivent au
fort et constatent son abandon. En effet, la colonne de la
garnison, prise sous le bombardement et en l?absence de son
commandant, décide de se replier sur La Francheville.
Conscient de sa faute, le commandant du fort se
suicide le même jour.
Ignorant cet abandon, les Allemands
poursuivent le bombardement le 27 août 1914. Par prudence,
ils n'entrent dans les ouvrages que le 29 août. Les
photographies prouvent que le bombardement, dont on ne
connaît pas l?intensité exacte, n?a pas provoqué les dégâts
irrémédiables qui eurent conduit à l?abandon du fort.
Faute d?entretien et de mise à niveau
suffisante, ces deux fortifications viennent de tomber en
quelques jours. Désormais, à peine ralenti, plus rien ne
peut arrêter le flot ennemi.
Extrait de Stéphane André,
« L?invasion des Ardennes, Août 1914 », in Occupations, Besatzungszeiten, Éditions Terres Ardennaises, 2007, 392
pages dont 13 en quadrichromie.
« Fort Ayvelles bei Mézières ».
Collection Dominique Mézières.
Après leur entrée dans le fort, les troupes allemandes
photographient les dégâts causés par leur artillerie. Cette
vue du toit nous indique clairement que cette partie du fort
a subi assez peu de dégâts.
La tombe du commandant Lévy-Alvarès.
Les soldats allemands creusèrent la tombe du commandant
Levy-Alvarès, qui fut enterré non loin du Fort. Un extrait
de la Gazette de Francfort en date du 7 octobre 1914
confirme ceci : « Le commandant tomba, des soldats
allemands creusèrent sa fosse. La tombe se trouve dans
l'ombre de la forêt ; on y lit ces mots : ci-gît le
valeureux commandant, il aima mieux mourir que survivre à la
forteresse qui lui était confié, par cette croix de bois
modeste, le soldat allemand honore en toi le héros, le
devoir. 2e compagnie de Pionniers Territoriaux,
septembre 1914. »
La destruction du fort à l?automne
1914
« Mme Létrange, Ernest Singevin et
le couple Karleskind font allusion à l'explosion, en
octobre, du fort des Ayvelles. Le jeune garçon la rapporte
très brièvement, quand la première précise qu'on a demandé,
le 29 octobre, aux habitants de Mohon d'ouvrir leurs
fenêtres, certainement pour éviter qu'elles ne soient
soufflées, et M. et Mme Karleskind, qu'en plus de ceux de
Mohon, les habitants de Villers avaient ?été informés
d'avoir à tenir ouvertes toutes leurs portes et fenêtres?.
Ils concluent : ?Vers 11 h, la ville a ressenti une forte
secousse suivie d?une détonation.? »
« Fort Ayvelles bei Mézières ».
Collection Dominique Mézières.
Extrait de Jacques Lambert et Reinhold Weitz, « Charleville, capitale des puissances
centrales, 29 août-31 décembre », in L?année 1914 à
Charleville, Mézières et Euskirchen, Éditions Terres
Ardenaises, 2014, 334 pages.
La pêche
Collection Dominique
Mézières.
La pêche est pour l?instant interdite, en raison du
confinement. Les pêcheurs, comme toutes les personnes qui
souhaiteraient reprendre leurs activités de loisirs ne le
peuvent pas, malgré un beau temps des plus engageants. Nul
doute qu?ils ne profitent pas de cette pause forcée pour
préparer leur matériel !
Nous leur dédions cette carte postale, non pour raviver
leurs regrets, mais parce qu?elle porte l?impatience d?un
homme. En effet, la formule : « Encore 31 paquets de tabac
et la fuite » indique que le dénommé Charles est un
militaire encaserné à Mézières, qui n?aspire qu?à retrouver
au plus vite son foyer !
Les traditions de la nuit du 30 avril
au 1er mai
Il y a quelques décennies avait lieu encore dans les
villages une tradition qui occasionnait parfois quelques
frictions entre la jeunesse et la population. Survivance des
?foires de mai? rituellement organisées dans le courant du
XIXe siècle[i],
il s?agissait du déménagement des instruments aratoires ou
domestiques autour du mai « communal »[ii] ;
le charivari de mai a remplacé les arbres de mai, écrit
Sagnet ; « On nous a pris une claie qui couvrait le gravier,
dans la rue, les gamins du 1er mai ont fait cette
farce » note J.T. Railliet. La nuit du 30 avril au 1er
mai est « la nuit des farces, les portes des jardins, les
brouettes, les herses, les charrues sont transportées d?un
bout à l?autre du village ou dans les campagnes » rapporte
Jules Lefranc, qui précise que ce n?est pas facile pour les
habitants de retrouver leurs biens et qu?ils doivent se
?démener?.
Devant
l?église d?Évigny, le 2 mai 2001.
Photo Ghislain Marry.
[i] Jacques Lambert, Campagnes
et paysans des Ardennes 1830-1914, Éditions
Terres Ardennaises, 1988, p. 422.
Par contre, ?la tradition amoureuse? de planter les « mais »
ne survivait plus il y a 35 ans qu?à Châtel-Chéhéry. Elle
était attestée dans les Ardennes depuis 1299 !
Pour la découvrir : Planter les « mais »,
n° 8 de septembre 1984, pages 68-70.
Télécharger l'article (PDF) avec un
clic sur l'image >>>>>>>>>
1870-1873 - UNE PREMIÈRE OCCUPATION ALLEMANDE
: SEDANTAG
La guerre de 1870-71 marque durablement la mémoire
collective des deux adversaires. En France, cette
désastreuse défaite, présentée comme humiliante par son
ampleur mais glorieuse par le sacrifice des soldats,
influence fortement la politique française dans les
décennies suivantes. La responsabilité de ce désastre est
attribuée à Napoléon III et à son régime. L?empereur, le
vaincu de Sedan, est cloué au pilori : c?est la « légende
noire » du Second Empire.
Pour les Allemands, la victoire de Sedan s?inscrit dans le
cycle des victoires fondatrices avec toutefois la
particularité d?être la victoire commune de tous les États
allemands. L?anniversaire de Sedan, le Sedantag,devient jusqu?en 1918 la fête nationale de la victoire.
Dans toutes les villes allemandes, lors du retour des
soldats après le conflit, des arcs de triomphe comme celui
qui figure sur cette photographie les accueillent avec les
noms des principales victoires, où ne manquent pas d?y
figurer la petite ville ardennaise !
De ce conflit va
naître un profond antagonisme franco-allemand, fait de
représentations collectives, de ressentiments et de haines.
Visitez le site et le musée >>>>
Faits-divers,
Le
Petit Ardennais du lundi 30 avril 1900, consultable sur le site
des Archives départementales des Ardennes
Mézières Clément-Bayard
Collection Dominique
Mézières.
Collection Dominique
Mézières.
Pour en savoir plus :
Jean-Claude Risse, « Une figure ardennaise : Gustave Adolphe
Clément-Bayard, 1844-1928 », Terres Ardennaises n°
92, octobre 2005, p.10-20.
Jean-Claude Risse, « Le meurtre de M. Fernand Grospierre,
directeur de la Macérienne en juin 1939 », Terres
Ardennaises n° 129, décembre 2014, p. 33-37.
_____________________________
Nouveauté
_____________________________
Sorties
AD 08 - Cote PERH44 / 41 - Le PDF du journal du jour : clic
ici
Le dessin d'Alain Sartelet
« En ce matin de
juin de l?an de grâce 1620, deux jeunes visiteurs se
présentent à la grande porterie de la Chartreuse du
Mont-Dieu. Derrière cette fastueuse enceinte fortifiée à
l?élégance baroque, toute vêtue de rouge, gris et or, se
cache la plus belle et la plus ancienne des Chartreuses
de France et son extraordinaire « Magna Ecclésia »
l?église abbatiale embellie d'un dôme fleurdelysé d'or
financé par Charles de Gonzague, prince aussi pieux que
bâtisseur, le père fondateur de la cité neuve de
Charleville. Les Ardennes de ce temps sont en pleine
renaissance architecturale. Restitution et dessin Alain
Sartelet, Ardennais confiné à Paris. »
Texte et dessin Alain Sartelet, confiné à Paris.
_______________
Nous avons publié
d'Alain Sartelet :
La
principauté de Sedan.
21 x 30 à l'italienne. 180 p., 1991.
Givet et
sa région à travers les siècles.
25 x 30. 180 p. en quadrichromie, 2015.
- en
coédition avec le Musée de l'Ardenne :
Mézières. Les fortifications et la citadelle.
20 x 25,5. 92 p., 2005.
La page des jeux - 1 - Les
outils - Pascal Chagot
Quel est nom de chaque outil présenté ? Et quelle est
son utilité ?
Sur le principe du sudoku, remplir la grille en
respectant la règle habituelle :
une même lettre ne figure qu'une seule fois par colonne,
une seule fois par ligne, et une seule fois par carré de
neuf cases.
Une fois complétée le nom d?un village ardennais devrait
apparaître.
Remarque : deux grilles sont à votre disposition.
La deuxième est d'un niveau plus difficile.
Solutions dans le journal n° 7.
La page des jeux
- Les solutions du journal n° 5
1 - SUDOKU des Archives départementales -
2 -
Les outils - Pascal Chagot
Le nom de chaque outil présenté
et son utilité :
1. Déplantoir :
Le déplantoir est utilisé par les agriculteurs.
2. Doloire :
La
doloire est un outil qui sert à blanchir les troncs et à
aplanir.