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La revue N° 114

 

 

 

N° 114 - Mars 2011

Éditorial

Turenne... et les odeurs !

      Comme elle le présente dans ce numéro, La Société d'Histoire et d'Archéologie du Sedanais organise en septembre un colloque international pour fêter le 400e anniversaire de la naissance à Sedan d'Henri de Turenne. Sur cette vie presque entièrement consacrée à batailler en France et dans bon nombre de pays européens, et sur cette mort en 1675 provoquée par un boulet de canon à Sasbach (ou Salzbach) régnera une odeur... de poudre.

      Un remarquable et récent livre, L'odeur de l'ennemi, l'imaginaire olfactif en 1914-1918 (Juliette Courmont, Armand Colin), analyse la croyance fausse des Français, civils et militaires, en l'existence d'une odeur particulière aux soldats allemands. Dans notre ouvrage bilingue, Occupations Besatzungszeiten, j'ai relevé cette anecdote concernant Turenne, du moins sa statue : A Sedan, en août 1915, une mauvaise blague, que l'on croirait de potaches, permet à Alfred Cosson de revenir sur "l'odeur" allemande : "Des officiers ont fait un vacarme affreux cette nuit place Turenne. Ils ont installé à un rez-de-chaussée, autrefois habité par un médecin, une sorte de buvette (Weinprobierstube en patois boche) et ils ont si bien bu que la fête a tourné à l'orgie grossière. Ce matin, Turenne était orné d'un masque à gaz ; le vin avait donné de l'esprit à ces messieurs et l'un d'eux s'était risqué pendant la nuit à grimper jusqu'à la tête de la statue. Comme toujours, ils ont donné une excellente occasion de rire à leurs dépens ; Sedan est si odieusement empoisonnée depuis 3 ans, la place surtout sent si mauvais, que Turenne risque de mourir asphyxié sans masque à gaz, symbole parfait. Cette odeur, nous la percevons partout, hélas !"

      Loin de ces odeurs fétides et nauséabondes, vraies et imaginaires, liées à la folie des hommes, ce numéro rend hommage, de manière originale, au nom de Turenne puisque Gérard Blondeau et Olivier Fontanieu y écrivent l'histoire du chocolat Turenne. Après avoir retracé avec Philippe Jean l'histoire de la mythique GBA dans l'ouvrage que nous avons édité en 2008, La Grande Brasserie Ardennaise 1921-1979, ils récidivent, pour notre plus grand bonheur, en évoquant les parfums exhalés pendant longtemps par la chocolaterie Turenne dans les rues de Sedan.

      Pour bon nombre d'Ardennais et d'Ardennaises, la couverture de Simon C. s'ouvrira comme le couvercle d'une boîte sur une enfance disparue où, de temps à autre, on croquait un morceau de chocolat Turenne. Toute comparaison gardée, ce dessin et l'article qu'il incite à lire sont une madeleine de Proust... ardennaise !

Jacques LAMBERT.