En ce début d?année,
si pluvieux qu?on lui accole avec justesse l?adjectif
?pourri?, ce numéro 123 se veut délibérément optimiste
puisque sa couverture renvoie à la production de fleurs
séchées à Illy ! La remarque, à Sedan, d?un des premiers
clients de Dominique et d?Yves Paulais, que je vous laisse
découvrir n?en est que plus savoureuse ! Mais cette
couverture et cet article ne doivent pas faire illusion :
nos prochaines publications montrent bien que, dans notre
département, l?eau est omniprésente?
C?est, tout d?abord,
la ?mythique? Semoy qui coule d?abondance dans la
monographie, Thilay d?hier en Pays de Semoy, signée
par Robert Pascolo et que nous avons lancée le 10 juillet.
Cet ouvrage, résultat de trente ans de travail pour la
rubrique histoire du bulletin municipal de Thilay, ainsi que
celui d?Henri Lamblot, Francheval, 1500 ans d?histoire
entre Magne et Aubrun, dont on m?a confié l?agréable
tâche d?écrire la préface, trouveront leur place dans toutes
les bibliothèques des amoureux des Ardennes.
Robert Pascolo et
Henri Lamblot ? comme jadis Pierre Hubert dans
l?avant-propos de son livre, 150 ans de vie givetoise
(1789-1940), ? se défendent d?avoir écrit des livres
d?histoire, puisqu?ils disent ne pas mériter, pour de
multiples raisons, le titre, qui leur semble trop
prestigieux, d?Historien. Ce n?est qu?affaire de mot, car,
pour moi, ils ont rejoint la longue liste des érudits locaux
ardennais qui, depuis la fin du XIXe siècle, explorent avec
passion et exigence leur terroir, plus ou moins grand.
Robert Pascolo et Henri Lamblot se montrent les dignes
héritiers de ces curés et instituteurs de villages qui ont
contribué de belle manière à nourrir l?histoire de notre
département. Parmi de multiples informations, ils ne
manquent pas d?étudier l?eau qui traverse Thilay (dont les
fameuses débâcles de la Semoy) et Francheval (le Magne et
l?Aubrun), ainsi que les lavoirs, les fontaines, les
problèmes d?eau potable, les ponts, etc.
Ensuite, nous lançons
la souscription de Moulins des Ardennes par monts et par
vaux, écrit par Marie-France Barbe, Sylvie Laverdine et
Françoise Parizel. Elles ont minutieusement recensé 300
moulins environ, dont les ailes, actionnées par des
mécanismes tirant le plus souvent leur force de l?eau mais
aussi, parfois, du vent, ont tourné sur les pays divers qui
forment notre territoire. Un travail, illustré à souhait,
aussi inédit que passionnant pour le lecteur.
Michel Coistia, dans
son livre lui aussi fort précieux, Les moulins à couleurs
des Ardennes, que nous avons publié en 1991, avait
reproduit cette interrogation ? parue dans
L?Automobilisme Ardennais, n° 205 ? quelque peu désolée
d?Henri Manceau : Il ne semble pas que dans les Ardennes,
à la différence d?autres régions françaises, on prenne garde
suffisamment aux témoins matériels de la civilisation
ancienne que représentent nos moulins, et spécialement les
meules qui en restent.
Pour notre part, ces
deux parutions, fruits d?un travail acharné et enthousiaste
et qui auraient réjoui à l?évidence Henri Manceau, à défaut
de sauver physiquement certains moulins ardennais, en
rappellent la ?petite? histoire glorieuse et réussissent à
nous convaincre, s?il le fallait, que l?abondance d?eau
n?est pas que maléfique !
Jacques Lambert