Je ne pensais pas devoir commencer cet
éditorial de la même manière que celui de notre numéro
précédent, mais la disparition de deux de nos auteurs m'y
oblige, car je tiens à les honorer.
Je n'ai pas connu beaucoup
Roger Champenois, décédé mi-septembre à l'âge de 97 ans. Mis
à part quelques échanges épistolaires, je ne l'avais
rencontré qu'en 2005, lors du lancement du numéro spécial
qu'il avait consacré à son village : S
; ce fut une rencontre vraiment
chaleureuse. Né en 1916, d'une famille paysanne établie
au village avant 1800, il avait brossé sur plus de
soixante pages un portrait attachant et vivant de
l'histoire, des traditions et de quelques particularités du
lieu qui l'avait vu naître. L'histoire ardennaise vient de
perdre un de ses érudits locaux si précieux, qui avait su,
comme l'avait souligné Philippe Canot, maire de Sécheval.
mettre par écrit et à portée de tous sa formidable mémoire
du passé.
La seconde disparition qui
nous affecte est celle de Philippe Voluer, survenue le 22
octobre. Ce jour-là, se sont brisés un long compagnonnage
avec nos Éditions et une amitié de plus de 25 ans. En
octobre 1986, dans notre n° 16, Boire et manger en
Ardennes, nous avions travaillé de concert pour un
dossier, Bières, dans lequel il avait signé six
articles et moi trois. Grâce à lui, j'avais pu pénétrer dans
la brasserie d'Orval, qui fournissait selon Philippe la
meilleure bière du monde ! Ensuite, Philippe nous a donné en
1997 une somme, sur sa ?spécialité? qu'il maîtrisait à
merveille, La bière en Ardenne et en Champagne.
Depuis, de temps en temps, il revenait sur ce thème
inépuisable dans notre revue.
Pendant de très nombreuses
années, quand nous nous rendions en octobre avec des élèves
de 3e à Verdun, nous consacrions notre matinée à
la visite du Musée de la bière de Stenay, que Philippe avait
créé. Et c'était toujours un enchantement d'être piloté par
lui, qui alliait une connaissance plus qu'exhaustive et une
grande pédagogie souriante pour faire découvrir à "ses"
hôtes l'histoire de la bière et du monde brassicole.
La dernière fois que je l'ai
vu était le 6 octobre à Launois, puisqu'il était venu avec
son épouse nous rendre une petite visite. Nous avons un peu
bavardé autour d'une bière du Sedanais Jean-Christophe Viot,
dont il appréciait beaucoup les différentes productions. Un
peu plus tard, dans l'après-midi, je les ai croisés dans une
allée et je garde en mémoire les derniers mots qu'il m'a
lancés : « Je viens de souscrire au Sommer ! » Preuve
que cet ?historien de la bière? aimait l'Histoire, toute
l'Histoire...
Je pense que Roger
Champenois et Philippe Voluer auraient aussi aimé le cahier
couleur de ce n° 125. Il est quelque peu différent de ceux
que nous avons publiés, puisqu'il n'illustre pas un sujet
traité mais est en lui-même un témoignage historique,
apporté de manière originale que nous décrivent François
Thirriot et Michel Rénaux. Les photos de Jean-Michel Benoit
reviennent sur des sujets que nous avons pour la plupart
traités, preuve d'une parenté certaine entre lui et nous.
Nous pourrions la résumer par cette formule : Libres
comme l'air !, à prendre au sens propre pour Jean-Michel
Benoit et au sens figuré pour nous...
Au nom des Éditions Terres
Ardennaises, je vous présente tous nos v?ux pour l'année
2014, en espérant pour la communauté que nous formons avec
vous, lecteurs et lectrices, plus de joies que de peines.
Jacques Lambert