Après le décès de
Michèle Sanzé, à qui nous avons témoigné notre amitié dans
le n° 141 de cette revue, nous voici de nouveau
dans la peine suite à la disparition de César Meissner.
Ancien gendarme, César avait tenu à écrire sur son métier :
nous avons donc publié, dans la Collection Terres
Ardennaises, en 1999 : « Les Gens d'Armes en Ardenne » et,
en 2004, un numéro hors série : « La Garde Républicaine
mobile, Les compagnies de Charleville, Vouziers, Stenay,
1930-1940, La gendarmerie des Ardennes, L'Occupation, la
Libération. »
Jacques Théret, un de
ses plus proches amis, évoque dans ce numéro cet excellent
compagnon qui, tant que sa santé le lui a permis, assura
avec une grande exemplarité et une totale discrétion les
tâches parfois ingrates qui incombent aux membres de Terres
Ardennaises :
relecture des revues et des livres, installations de nos
fêtes à Launois-sur-Vence, tenue de stands, etc.
La vie n'a pas été
facile pour César et nous étions admiratifs devant sa
manière d'affronter les coups du sort qui l'accablaient. Sa
présence, sa gentillesse et le sérieux de son travail vont
nous manquer.
Maurice Plantin, lui,
nous suivait depuis notre création et j'avais toujours
plaisir à le rencontrer, d'autant que nous partagions la
même envie : écrire sur l'agriculture ardennaise. Mais, en
ce domaine, il avait un grand avantage sur moi : il avait
été agriculteur ! C'était un de nos lecteurs assidus et
attentifs qui nous aidait toujours avec des précisions
écrites ou le prêt de photos précieuses. Nous sommes heureux
de réparer le retard ? trois ans ! ? que nous mettons pour
publier son dernier texte, avec le regret qu'il ne le lira
pas dans ces colonnes. Nous n'avons pas voulu le voir
vieillir, sans doute pour cacher que nous vieillissons aussi
! Sa disparition, à 94 ans, affecte ceux qui, à Terres
Ardennaises, connaissaient sa personnalité franche et son
amour de l'Histoire.
La troisième personne
est entrée, elle, dans l'Histoire depuis longtemps : il
s'agit d'Augustin Trébuehon, tué à Vrigne-Meuse le 11
novembre 1918, à 11 h moins 10. Son décès, 10 minutes avant
le cessez-le-feu, est le symbole même de l'injustice de la
guerre d'autant que l'armée a caché la véritable date de sa
mort, inscrivant sur sa croix : 10 novembre 1918 !
Dans le livre que nous
avons lancé le 15 juin, le général Alain Fauveau, petit-fils
« de Berterèche de Menditte (1869-1931) qui commandait le
415e régiment d'infanterie à Vrigne-Meuse lors de
l'offensive sur Mézières et Sedan », raconte ces derniers
jours de la Grande Guerre dans la région de Vrigne-Meuse,
Nouvion-sur-Meuse et Flize, volontairement occultés.
Nous sortons de la
lecture poignante de « Mourir le 11 novembre 1918, c'est
mourir deux fois », hantés par cette remarque de son auteur
: « Un siècle après ces événements dont le côté dramatique
est manifeste, il est difficile d'expliquer et de justifier
comment les ordres insensés de franchir la Meuse dans ces
conditions ont été transmis par les différents niveaux
hiérarchiques de commandement, et finalement exécutés
apparemment "sans hésitation ni murmure". »
Et nous avons
découvert, à côté de la célèbre figure d'Augustin Trébuehon,
de nombreuses destinées tragiques de soldats français et
allemands, à qui cet ouvrage rend également hommage de belle
manière.