Éditorial
Guerres d?hier et d?aujourd?hui?
Secrétaire du comité de rédaction de Terres
Ardennaises n?est pas un poste à risque, car, personne ne
voulant l?occuper, les critiques des autres membres sont plutôt
rares sauf cas exceptionnels quand l?Histoire ou/et la
Géographie sont par trop martyrisées?
Le fait que j?ai retenu, dans notre numéro 155, l?article d?Éric
Prunier, Le paysage sud-ardennais à l?épreuve de la transition
énergétique : vassalité et déni de démocratie, m?a cependant
valu quelques haussements de sourcils, valant réprobation, mais,
trop tard, le choix avait été fait.
Un ami lecteur de Neuvizy, Michel Mahy, m?a écrit : « J?ai été
impressionné par l?article sur l?influence des éoliennes sur le
paysage. Je laisse décanter avant de le relire ! Pouvez-vous me
dire vite fait qui est ce monsieur ? Ses réflexions méritent
d?être connues... et débattues. » C?est tout bonnement ce que
j?avais pensé et, dans l?éditorial que j?avais alors signé,
j?avais renvoyé aux articles que nous avions déjà publiés, tous
très favorables, eux, aux éoliennes.
Un autre ami lecteur, Gilles Bardelay, s?est lui offusqué et nous a
envoyé le texte incisif que nous publions. Son auteur applique à
notre égard avec raison la célèbre maxime de Beaumarchais :
« Sans la liberté de blâmer, il n?est point d?éloge flatteur. »
L?agression terrible de l?Ukraine par Vladimir Poutine ne peut que
nous rappeler, avec des nuances certes, voire des différences,
l?évacuation des Ardennes en mai 1940? Les images de femmes avec
leurs enfants, quand les hommes sont au front, cherchant refuge
hors des frontières de leur pays, et celles de personnes âgées
fuyant leur univers hier encore paisible nous sont tragiquement
familières !
De plus, par pure coïncidence, la dure invasion de 1870-1871 est
rapportée par un auteur allemand dans ce numéro?
Mais si ces épisodes dramatiques renvoient à notre passé,
l?invasion de l?Ukraine obère aussi notre futur, comme le
rappelle le titre d?un article du Monde du samedi 26 mars : La
transition énergétique au péril de la guerre en Ukraine. Elle
induit pour Frans Timmermans, vice-président de la Commission
européenne, cette injonction : « Fonçons dans les énergies
renouvelables à la vitesse de l?éclair. La guerre démontre
l?urgence d?accélérer notre transition énergétique propre. »
C?est dire si le débat, qui doit être mené de la manière la plus
démocratique qui soit, sur l?implantation ou non d?éoliennes, se
pose urgemment, ravivé par ce conflit terrible.
C?est dire également que l?article sur le nouveau magasin
participatif, La Marcasserie, implanté à Charleville-Mézières,
prend une toute autre dimension. Ceux et celles qui voudraient
réduire cette création à une lubie de citadins-bobos apprendront
combien est fructueuse et nécessaire la relation de proximité
campagne/villes et combien la volonté de manger bio, outre ses
effets bénéfiques sur la santé, permet de se passer d?un monde
où les engrais sont trop présents.
Car, il nous faut aussi réfléchir à ce titre d?un article de
L?Express qui ne laisse pas d?inquiéter : La dépendance aux
engrais russes, une épine dans le sol européen. Et les épines ne
sont jamais comestibles?
Jacques Lambert