Éditorial
Printemps 1982, la section
ardennaise de la Ligue de l'Enseignement, la Fédération des
?uvres laïques des Ardennes, se remettait lentement d'une
grave crise qui la minait depuis quelques années. Outre le
fait qu'elle devait renflouer des finances en piteux état,
il lui était impératif de retrouver une identité et de
restaurer une image largement écornée par des affrontements
dont la presse s'était fait l'écho.
Jacky Turquin et moi-même, nous appartenions au bureau de la
FOL : à l'époque nous animions à Charleville-Mézières Le
Lézard Rouge, un ciné-club que nous avions créé. Dire
quand et par quel cheminement m'est venue l'idée de lancer
une revue "Terres Ardennaises" m'est impossible. Je
peux juste écrire qu'il y entrait pour une grande part le
goût de l'histoire et l'envie d'écrire. Immédiatement, Jacky
fut d'accord et le conseil d'administration de la FOL nous
approuva, sous réserve de ne pas causer de dettes, ce qui
aurait été effectivement un comble...
Nous constituâmes un comité de rédaction fort d'une bonne
dizaine de membres - que ces pionniers me pardonnent de ne
pas citer leurs noms, mais je renverrai nos lecteurs aux
listes des comités de rédaction qui sont publiées en
deuxième de couverture, ils y découvriront les arrivées et
les rares départs qui ont jalonné notre existence. La
première et difficile tâche de ce comité fut de baptiser
notre nouvelle revue. Il nous fallut trois heures d'échanges
passionnés !
Juin 1982, le numéro 0 sortait, consacré à la Semoy. Un bref
éditorial, dont pas une ligne vingt ans après n'est à
retrancher, précisait nos objectifs : Les auteurs
souhaitent pouvoir apporter à tous ceux qui se sentent
intéressés par la richesse du patrimoine culturel ardennais
des éléments d'information : sans oublier le pittoresque -
et la matière à alimenter leur réflexion.
Ils espèrent être utiles aux enseignants et aux enseignés
qui pourront aisément exploiter des articles concis et
documentés portant sur les sujets les plus divers,
s'adressant à un large public.
Nous voudrions par nos écrits soulevant des points de notre
histoire parfois un peu empoussiérée
- ou de notre
actualité - parfois brûlante - contribuer modestement à
l'enrichissement de la mémoire collective ardennaise.
Henri Manceau, historien infatigable, que plusieurs d'entre
nous avaient eu comme professeur, avait fait école. Il le
reconnut avec plaisir et nous donna plusieurs textes.
Notre revue, bien soutenue par la presse locale, trouva très
rapidement un lectorat nombreux et un équilibre financier si
encourageant qu'il nous lança deux ans plus tard dans la
réédition des Mamert de Jean Rogissart. "Terres
Ardennaises"', en plus de son statut de revue devenait
petite maison d'édition.
1982-2002, nous avons traversé avec bonheur ces deux
décennies sans crise -même la séparation avec la FOL s'est
passée dans le meilleur esprit, puisque nous n'avons pas
quitté son siège. Le ciment de cette durée : le travail
acharné pour que sortent la revue et les livres, l'amitié,
le militantisme qui nous fait animer deux fêtes annuelles à
Launois-sur-Vence (où nous avons des aides fort précieuses
d'amis qui ne sont pas formellement dans l'association) et
être présent sur de nombreuses fêtes, engendrant un contact
suivi avec nos lecteurs, la certitude toujours réaffirmée
qu'il nous fallait rester dans certaines limites et que nous
ne voulions jamais devenir la grenouille, admiratrice du
b?uf jusqu'à en exploser !
2002, Patrick Flaschgo présente le dernier livre de
"Terres Ardennaises" sous le titre Simon C., peintre
de l'Ardenne authentique. Cet hommage, que nous devions
à celui qui illustre avec talent nos couvertures depuis nos
débuts, reçoit fort justement un qualificatif qui convient à
toute notre production et explique sans nul doute notre
longévité.
Que nos assidus lecteurs et lectrices, grâce à qui nous
existons, soient assurés que nous resterons fidèles à cette
authenticité !
Jacques LAMBERT.