Avant le rattachement à la France. Sedan
se caractérise par la Principauté protestante. Henri de La
Tour d'Auvergne, le prince ami du roi Henri
IV. est un grand urbaniste. On lui doit une ville
nouvelle, aux bâtiments élégants dessinés par un architecte
français : Salomon de Brosse. Il s'agit du palais des
Princes (ou château bas), de l'ancien hôtel de ville, rue de
l'Horloge. Celui-ci accueille la bibliothèque et les cours
de l'Académie où Pierre Bayle enseigne l'histoire et la
philosophie. Sedan possède aussi un temple protestant sur sa
nouvelle place d'Armes (aujourd'hui, l'église Saint-Charles)
et une académie militaire, au bout de la rue du Ménil.
Pierre Bayle fréquente tous ces lieux
lors de sa vie sedanaise, de 1675 à 1681, et côtoie d'autres
professeurs comme Pierre Jurieu, petit-fils de Pierre
Demoulin, professeur de théologie et d'hébreu. Pierre Bayle
enseigne à Sedan alors que la ville est redevenue française,
gouvernée de 1642 à 1662 par Abraham Fabert. Dans la ville,
fleurissent les congrégations catholiques, comme les
Lazaristes, chargées de convertir la population. La
révocation de l'édit de Nantes, en 1685, facilite leur
travail. Les protestants quittent Sedan pour les Pays-Bas où
ils gardent leur liberté de penser. C'est pour Sedan, la
perte irrémédiable d'une richesse intellectuelle et
artistique.
Au sein du secteur sauvegardé, la mise en
valeur de notre patrimoine nous permet de ressusciter ce
riche passé protestant. La médiathèque et le musée
conservent les fameux dictionnaires encyclopédiques, des
lettres autographes et des gravures, autant d'objets de
mémoire et d'étude.
Aujourd'hui, en ville, une rue et un
lycée portent le nom de Pierre Bayle. Gageons que les élèves
puissent y trouver un enseignement digne de cet illustre
professeur et un environnement qui leur permette d'y être
créatifs.
Dominique BILLAUDELLE maire de Sedan.