Éditorial 

Bâtir chaque trimestre un numéro consacré à l'histoire et à la géographie locales n'est pas une œuvre facile et suscite de nombreuses discussions au sein du comité de rédaction de notre revue. Un impératif domine nos réflexions : intéresser les lectrices et les lecteurs de toutes les Ardennes car nous entendons justifier le pluriel de «Terres Ardennaises». À cet égard, le numéro 6 semble répondre à cette volonté : Charleville, chef-lieu du département, mais aussi la vannerie de Vouziers, les filatures de la Vallée de la Vaux, les patois de la Vallée de la Semoy, de la Meuse, de Gespunsart, les monnaies de Sedan.

Un second impératif : les articles doivent être variés et recouvrir des époques différentes ; le numéro 6 contient, à côté de la rubrique habituelle sur la Préhistoire, des éclairages sur les XVII^e et XVIII^e (monnaies et population de Charleville) sur le XIX^e (filatures de la Vaux et vannerie vouzinoise, étudiée jusqu'à nos jours) sur les XIX^e et XX^e siècles (les patois), sur le XX^e siècle (la défense militaire en 1940 dans les Ardennes).

Nous voudrions introduire un troisième impératif : innover et sortir des « Ardennes battues ». Deux articles appartiennent à des genres différents mais répondent à nos désirs : étudier les événements passés et présents qui se sont déroulés dans les Ardennes non pour se refermer sur ce département mais inscrire son histoire particulière dans l'histoire en général. Ainsi le mythe de « l'Homme Ardennais » si florissant au XIXème siècle et si tenace, maintenant encore, est l'objet d'un article fort salubre ; ainsi l'article sur «La Grande Beuverie» ne dit mot des origines ardennaises de René Daumal mais traite de l'universalité de l'écrivain. L'exemple du mythe Rimbaud récupéré tous azimuts par les Ardennes et ce, d'une manière grandissante, ne manque pas de poser problème à qui veut bien réfléchir...

J. LAMBERT