Editorial

Nous avons appris par L'Ardennais le décès de Mme Wiatr-Benoit dont nous avons publié, à la fin 2004, le livre HERBORISTE (Mémoires et remèdes), dans notre collection Mémoire. Nous savions que depuis quelques mois, elle était devenue pensionnaire de la Résidence Marcadet à Bogny-sur-Meuse. Tout simplement parce qu'elle avait fait, comme tout bon auteur, la promotion de son ouvrage et que la bibliothèque de cette maison de retraite nous l'avait commandé...

J'avais rencontré Mme Michelle Wiatr-Benoit en septembre 1990 pour écrire un article sur son herboristerie, publié dans le n° 32 de notre revue, consacré à la santé. J'avais été frappé par la force de son caractère et de ses convictions, exprimées avec une tranquillité sereine ; j'avais senti l'intense et discrète complicité qui la liait à son mari.

C'est pourquoi, lorsqu'elle nous proposa ses mémoires, nous avons accepté les yeux fermés. J'ai assuré la relecture du manuscrit et je fus donc le premier à être ému par ces pages qui, comme je l'ai indiqué dans l'avant-propos de l'édition, nous parlent de guerres, de souffrances, de morts, de joie, d'amour, de foi, d'opiniâtreté, de fidélité, de résistance...

Bien sûr, je me disais que j'allais lui rendre visite, un jour ou l'autre, mais, à force de remettre cette rencontre, pour de bonnes et mauvaises raisons, elle n'aura pas lieu. Il me reste, il nous reste, ce "petit" livre vert, dont la couverture s'orne du dessin de l'herboristerie, maintenant disparue, croqué par Simon Cocu à ouvrir de temps à autre, afin d'y puiser une belle leçon de vie et une bonne cinquantaine de remèdes, fruits d'une pratique exigeante d'un métier qui n'existe plus.

Dans ce numéro que nous avons voulu divers, nous souhaitons mettre en avant deux articles. D'abord, celui de Philippe Lecler sur la famille Cyminski de Rethel, qui traite d'un sujet qui nous paraît essentiel : la déportation de juifs vivant dans les Ardennes pendant la Seconde Guerre mondiale, et que nous avons déjà largement abordé avec la publication du livre de Christine Dollard-Leplomb : Sauveteurs d'étoiles en Ardennes. Avec d'autres associations ardennaises et la participation de personnalités, l'écrivain Maurice Rajsfus et le cinéaste Yves Boisset ont accepté d'être présents, nous devrions organiser le mardi 10 avril à Charleville-Mézières (les modalités exactes seront dans la presse) une réunion au cours de laquelle seront abordés ce thème et celui de la situation des étrangers en France actuellement, sujet brûlant d'histoire s'il en est pour le présent et le futur... Ensuite, celui de Francis Villemaux qui, au moment de l'arrivée du TGV en Ardennes, rappelle la naissance du chemin de fer dans notre département.

Jacques LAMBERT