Éditorial

II est de tradition qu'un éditorial présente le numéro qu'il ouvre. Mais, cette fois, nous bousculerons cette habitude en renvoyant lecteurs et lectrices à deux articles "anciens" de notre revue.

Le premier. Le curé Meslier, écrit par Victor-René Desmont, a été publié dans le numéro 19 en juin 1987 ; le second, Le curé Meslier. une grande figure ardennaise encore méconnue, dû à la plume de Roland Desné, est paru dans le numéro 68 en octobre 1999, consacré aux Abbés, curés, prêtres, religieux... (I).

Cet appel à lire ou à relire ces deux articles est effectué pour accompagner l'après-midi du samedi 24 avril, à Étrépigny, dont le programme est détaillé page 59, Intitulé sobrement Sur les pas de Meslier, cet après-midi nous promènera sur les lieux où vécut ce curé dont le nom est inscrit sur la stèle aux "précurseurs du socialisme", dans le jardin Alexandre à Moscou, comme l'avait constaté Victor-René Desmont. Un film et un débat nous présenteront les idées que Meslier cacha jusqu'à sa mort !

Serge Deruette, Professeur à la Faculté de Liège, qui animera ce débat, a expliqué dans le quotidien l'Ardennais-l'union son but : Je veux sortir de l'ombre cet homme qui m'a d'abord intrigué, puis fasciné. Il a développé, tout seul, une théorie complète d'athéisme et de matérialisme (courant philosophique qui refuse l'existence de Dieu). Il voulait transformer la société. Il avait une pensée sociale à la fois égalitaire et révolutionnaire.

Nous sommes très heureux de cette initiative que nous soutenons, car elle rejoint le vif souhait exprimé dans la conclusion de l'article de Roland Desné : J'avais la naïveté de penser qu'en publiant ses "Œuvres Complètes ", mes collègues et moi faisions enfin entrer Meslier dans la culture. Un quart de siècle après je constate (il suffit d'interroger mes étudiants à Reims - et nombre d'entre eux sont Ardennais) que le curé d'Étrépigny demeure, pour le plus grand nombre, un inconnu. Soutenons que les travaux des chercheurs poussent à rompre le silence à son égard et incitent les éditeurs à le faire lire.

Plus de dix ans se sont écoulés et ce constat reste malheureusement d'actualité. Puisse l'après-midi du 24 avril à Étrépigny aider à combattre l'ignorance qui entoure Meslïer. Ce "petit" curé ardennais ne mérite en aucune façon l'indifférence, mais, au contraire, ses idées doivent être connues afin de les partager... ou de les rejeter !

Jacques LAMBERT